Guernesey, Avril 1859:
« J’eus un rêve: le mur des siècles m’apparut « , écrit Victor Hugo, dans « La vision d’où est sorti ce livre », préface à « La légende de siècles » qui paraît la même année.
Et l’épopée humaine, comme un opéra régi par ses codes intemporels, se déroulera à travers la scansion des alexandrins dont nous gardons à jamais l’empreinte musicale. Etrange vision que l’évocation de ce mur des siècles qui renvoie à la verticalité! Car le déroulement de la geste des hommes se prêterait plutôt à la linéarité d’une fresque. La représentation de l’axe du temps ne se déploie-t-elle pas horizontalement?
« Et ce mur, composé de tout ce qui croula,
Se dressait, escarpé, triste, informe. Où cela ?
Je ne sais. Dans un lieu quelconque des ténèbres. »
Dans la vision de ce mur lézardé, le poète avait-il pressenti, ces murs infranchissables qui cernent nos horizons contemporains, d’un continent à l’autre?
Image (photo AFP), emrpuntée au site de RFI
Un mur murmurant…
Curieusement, ayant ladite préface sous les yeux (Hauteville-House, septembre 1859), je ne retrouve pas cet extrait. Par ailleurs, une préface qui ne porte pas (pour une fois) de titre.
En fait, après quelque recherche, cette citation est extraite de « La vision d’où est sorti ce livre », poème daté d’avril 1857, prévu à l’origine pour servir de préface au recueil de la première série de la Légendes. Remplacée, trois mois plus tard, « par une préface plus explicite en prose », me précise mon édition des Oeuvres Complètes hugoliennes.
Comme quoi Google n’est pas la panacée universelle, chère Chantal…;
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Ce Jeandler est une « mine », croyez-moi.
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eh oui! C’est bien vrai!
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Victor, bien sûr ! J’ai réfléchi un petit moment à l’énigme, et je n’avais pas du tout pensé à ça.
Cela dit, je ne voyais pas du tout cette préface d’une manière prophétique ; à vrai dire, ce n’est pas du tout l’esprit du recueil : le mur des siècles présente un passé sombre (« l’épopée humaine, âpre, immense, écroulée »… je n’ai pas le courage d’aller chercher le livre, ni de faire une recherche sur internet pour retrouver ce dernier vers), mais c’est pour mieux mettre en perspective le futur radieux qu’il espère (ou qu’il souhaite ? dans tous les cas Toto s’est planté, le pauvre.
Pour le reste, je ne peux que confirmer Jeandler
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La judicieuse remarque de Jeandler confirmée par Sammy m’amène à apporter les précisions suivantes. Deux textes de préface ont bien été écrits par Hugo en vue de la publication de 1859. Mais devant l’inquiétude de son éditeur qui le jugeait trop philosophique, Hugo renonça à publier le texte de « La vision » pourtant écrit en premier. Il le remplaça par un texte en prose. Celui présentant « la vision » accompagnera la 2° série des « Petites épopées »(titre prévu à La légende des siècles) et gardé en sous titre. L’ouvrage paraît en 1877.
Voilà, pour être précis et ne pas se satisfaire d’une approximation.
Choses étrange, le site sur lequel je m’étais appuyée pour renvoyer le lecteur au texte de « La vision », a disparu après la publication de ma solution! Je comprends d’autant mieux l’interrogation de Jeandler.
Il s’en passe des choses sur le net!
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EN voici une version :
http://fr.wikisource.org/wiki/La_Vision_d%E2%80%99o%C3%B9_est_sorti_ce_livre
🙂
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merci Sammy.
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