Pour Adèle, petite soeur de Félicité, dont le coeur simple et gros comme ça, s’est arrêté de battre

Elle aurait pu s’appeler Félicité, comme la servante au cœur simple de Flaubert dans ses « Trois contes », mais elle n’appartient pas au patrimoine littéraire.

Elle naît en 1921 à Mothern,  un très vieux village proche du Rhin, à l’extrémité nord-est de l’Alsace, là où s’est déroulé -c’était il y a bien longtemps, au IX° siècle- la rencontre de deux rois, Charles le Gros et Louis le Jeune, organisant le partage de l’Empire de Charlemagne.  Ce n’est donc pas un village ordinaire. Un peu oublié aujourd’hui des chroniques, le nom Mothern a pourtant ses secrets: Peut-être renvoie-t-il à celui de la rivière Moder, mais plus vraisemblablement, selon l’ancien maire Antoine Meyer, à l’image de la mère, (Mutter, en allemand) rappelant la présence des déesses-mère gallo-romaines. Image de la mère. Image intemporelle. Issue de ce creuset maternel, la petite fille devenue grande, épouse Alphonse Bergantz qu’elle seconde dans leur entreprise de transports à Mulhausen (un peu plus au sud) et devient mère de trois enfants: Bernard l’aîné, Hubert, le cadet, et entre les deux garçons, une fille, Marilène.

Elle aurait pu s’appeler Félicité parce qu’elle avait en commun avec le personnage de Flaubert, la vraie simplicité du cœur, c’est à dire le don de soi sans calcul, ni détour. Mais simplicité du cœur ne veut pas dire simplicité d’esprit.  L’esprit était alerte, l’œil souvent malicieux qui traduit les mouvements de l’âme, et puis le sourire tendre et le front calme.

Elle aurait pu s’appeler Félicité, également, grâce au sens livré par le participe passé, à savoir l’état de celui ou celle qui est félicitée, vantée, remerciée. La remercier, en effet, parce qu’elle était sage, si tendrement raisonnable, secourable, compréhensive malgré des convictions parfois heurtées par ce qu’apporte d’inattendu la vie, la sienne ou celle des autres. La féliciter parce qu’elle était accueillante, jamais importunée par le visiteur et encore, aimante, mais discrètement. Discrète, si discrète. Toujours tranquille même dans l’agitation d’un monde qui cherchait, comme il en est pour nous tous, mais en vain pour elle, à l’agiter. A l’heure où chacun est en quête d’apaisement de ce que l’on nomme mental, visant l’abaissement d’un égo toujours sollicité (ce redoutable petit hamster qui habite nos têtes, comme l’appelle le célèbre psy québécois, Serge Marquis) grâce aux pratiques empruntées aux sagesses venant ailleurs, elle avançait pas à pas (ce qui ne veut pas dire sans difficultés) sur le chemin qui était ouvert devant elle. Toujours conciliante et cherchant la voie moyenne, celle qui apporte la paix. Jusqu’au bout du chemin.

Photo: Marilène

Elle aurait pu s’appeler Félicité parce qu’elle cultivait aussi le bonheur, la chance d’être au monde sans jamais se plaindre des aléas des jours. Je la revois transmettant son savoir-faire culinaire, nous livrant ses recettes des fameux bredeles, ces petits gâteaux alsaciens qui embaument la maison pendant tout le mois de décembre, au beurre, aux noisettes, aux amandes, fourrés parfois de confiture ou de chocolat  et dont la confection demande patience et jusqu’à l’art du joailler dans leurs assemblages.

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photo empruntée au site Bredele ci-dessus

Elle disait: « Les miens ne sont pas les meilleurs ». Modeste, évidemment, mais gourmande. Ah! Le dernier plaisir du crémant, goûté à la petite cuiller, pétillant contre la langue et que Marilène a partagé avec elle. Rire ensemble comme deux gamines que la mort, pourtant toute proche, n’effraie même pas!

Photo:Marilène

Son vrai prénom, qui n’a rien à envier à Félicité, c’était Adèle. Un peu démodé dans les années 20, il revient au goût du jour. Issu de l’allemand, « Adel », il porte en lui l’idée de noblesse. Tout simplement.

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Retour à Malaca: L’homme qui parle aux esprits du lieu

Chaque après-midi, le vieux monsieur traverse le hall de l’hôtel Puri, établissement célèbre pour son atmosphère perenakan:  meubles d’ébène incrustés de nacre, patio à l’impluvium carrelé, longue enfilade de pièces menant au comptoir de la réception. Le vieux monsieur, que tout le monde appelle Uncle Alein, est salué par le personnel avec affection et respect. Le voici, entrant par la porte vitrée dans le bureau situé derrière le comptoir. On ne referme pas la porte derrière lui.Le hall d'entrée du Puri r

De son vrai nom, Tan Ah Hock, le vieux monsieur se recueille devant le petit autel rouge foncé dressé pour ses ancêtres. Il incarne la 8° génération d’une famille établie à Malaca depuis le XVIII° siècle et y a fait fortune. Les tasses minuscules de porcelaine bordeaux sont remplies de thé et des biscuits sont posés sur une assiette. Le culte des ancêtres est très naturel et très vivant partout en Asie, recouvrant toutes les pratiques religieuses. Garder le lien avec les générations précédentes, respecter leur passage dans l’au-delà…Respect. Le mot revient plusieurs fois dans la bouche de Monsieur Tan, lorsque gentiment il accepte de répondre à quelques unes de mes questions.

– Je suis né à Malaca. Mes lointains ancêtres venaient du Fujian, en Chine.Tan Ha Hock r

Cette région de Chine possède la tradition maritime la plus ancienne et sa population migrante depuis le XV° siècle a constitué les premiers éléments de la diaspora chinoise de l’Asie du Sud-Est.

Il m’explique qu’il reste propriétaire de la maison qui est louée à l’hôtel. Quand de nécessaires aménagements sont envisagés pour la modernisation de l’établissement, il adresse des prières aux ancêtres qui savent ce qu’il est bon de faire ou non.

 On me dit que j’ai de la chance. Le vieux monsieur n’accorde jamais d’interviews.  Il passe, sourire aux lèvres, saluant le personnel d’un petit signe de tête, et se rend devant l’autel familial, sans bruit, juste le frémissement de l’air déplacé dans son sillage, les employés qui s’écartent, les pas de la petite servante qui l’accompagne, le battant de la porte qui s’ouvre. Puis il repart, sortant du bureau par l’ouverture de côté. Un petit tour dans l’ancien hall réservé aux ancêtres, là où les hirondelles rentrent chaque soir et nichent aux quatre coins du plafond. hirondelles du Puri rJuste le temps de respirer l’air chaud et humide qui vient du jardin. La pièce non climatisée est ouverte sur l’extérieur. Les esprits peuvent aller et venir comme les hirondelles, s’envoler, revenir, frôler le client qui s’attarde ou se poser sur l’épaule d’Uncle Alein. Alors, à petits pas, il refait le chemin inverse et sort de l’hôtel. Une voiture noire l’attend, garée devant la grille peinte en blanc du temple bâti par une autre famille à la mémoire de ses ascendants. M. Tan Ah Hock s’en va. Il reviendra demain.temple des ancêtres r

Portrait d’ailleurs et d’ici (12): A Bali, à deux pas du paradis, le restaurant populaire de Made

Made travaille avec sa tante qui est la propriétaire du restaurant (warung en indonésien, Warung Made Wati). Levées tôt le matin, à cinq heures, avant même le lever du soleil qui embrase l’horizon marin et parfois tout le ciel, elles vont d’abord au marché acheter poulet, porc, boeuf et poisson frais pour concocter les sate dont les Balinais et bien sûr les touristes raffolent.

Sate_Ponorogo

Elles rapportent également des brassées de légumes qui arriveront craquants sous la dent, sur les tables recouvertes de toile cirée. Leur cuisine est minuscule. « La salle » de restaurant s’étend dehors à l’ombre des arbres, juste contre mur qui borde à cet endroit l’immense plage de Sanur. Made Sanur 3Made Sanur merEn face se trouve la place où se déroulent les crémations. Le décor est planté.

Made Sanur cremationMade et sa tante s’activent, déposent les offrandes rituelles composées de pétales de fleurs, d’un peu de riz, de fruits coupés, harmonieusement déposés dans le creux d’une petite boite en feuilles  de palmier, de quoi satisfaire dieux et déesses tutélaires, là où leur présence est tangible. Sur les perrons, devant les portes, partout. Made Sanur detL’une ou l’autre, ensuite, à la cuisine, l’une ou l’autre encore, avec les clients qui arrivent à toute heure. Il y a les habitués. La population locale qui vient déguster son nasi goreng matinal (riz frit), les pieds dans le sable de la plage, de l’autre côté du mur d’enceinte sur lequel l’assiette est tout simplement posée. Le grand Jack qui va et vient, de la Hollande à Bali, de Bali à Amsterdam sans se lasser, et semble chez lui, comme tant d’autres clients familiers, torse nu, short orange, rieur et faisant rire Made quand il lui parle à l’oreille. Le couple de retraités actifs, venus à bicyclette par la piste dallée de la plage. Il s’en vont demain. Made et sa tante les embrassent. Les clients forment une famille. Ils se connaissent, échangent  des plaisanteries, jouent aux cartes en pleine matinée.

Made Sanur 2 redLorsqu’un petit nouveau approche, franchissant l’ouverture entre la plage et l’aire de crémation, Made et sa tante sont aux aguets. Leur sourire à enjôler les anges, leur amical « hello, Where are you from? How are you today » sont toujours convaincants. On propose: « What do you want to drink? » Il faut s’assoir, comme les autres, à l’ombre, avec vue sur la mer dans l’échancrure du mur. Une mer calme, bleue, à l’horizon lointain. On sort les photos des enfants. Made en a élevé trois. Des grands, à présent. Qui lui permettront peut-être dans un avenir proche de se reposer un peu. Les trois ont fait des études. Le plus jeune est étudiant en économie, l’une des filles est institutrice.

– Il faut travailler dur, dit Made en souriant. Mais la vie est bien plus facile aujourd’hui. Je me rappelle combien ma mère devait lutter. Une maison de bois, sans confort, sans électricité. A présent, nos maisons sont solides et nous avons le courant. Nos enfants étudient.

Le grand Jack revient sur ses pas. Il a oublié d’acheter des cigarettes. Au passage, à nouveau, il fait rire Made.

Pas de crémation aujourd’hui. Pas cette semaine. La pleine lune, la semaine dernière, a fait le plein de cérémonies et le Warung n’a pas désempli. Cette semaine, c’est plus calme. Ainsi va la vie, à Bali, pour Made et sa tante, à deux pas du paradis.

Sanur lever soleil

Photos: Guy Serrière

 

 

Portraits d’ailleurs et d’ici (11): Yvonne Clerc, à bicyclette, sur les chemins de la liberté…

Quand elle partait de bon matin, quand elle partait sur les chemins, à bicyclette… ce n’était pas, comme dans  la chanson d‘Yves Montand, pour flâner avec ses amis, dans la campagne en fête. Quand elle s’en allait ainsi, à bicyclette, en effet, c’était la guerre.  Institutrice à Saint-Amour, en jeune femme libre, elle avait choisi de ne pas accepter le nouvel ordre imposé par le régime de Vichy. Elle avait choisi, malgré le danger d’un tel choix,  d’être hors système, de ne pas cautionner la situation et encore moins la collaboration avec l’envahisseur nazi. Juste une question de mise à distance! Et le choix devenait évident qui ne l’était pourtant pas pour nombre de ses contemporains.

Agent de liaison, elle a piloté les jeunes femmes du SOE parachutées de Londres pour appuyer la résistance française. Le film « Les femmes de l’ombre« en a retracé de façon romanesque l’épopée dangereuse et souvent dramatique.

Seule ou accompagnant Diana Rowden, alias Paulette, son homologue d’Outre Manche, elle a sillonné les routes du Jura et s’est rendue parfois jusqu’à Lyon pour délivrer les messages dont on la chargeait. Les risques étaient grands. Un mari, Henri Clerc, chef de maquis, recherché par les Allemands. Un beau-père déporté à Buchenwald. Une toute petite fille qu’il faut cacher pour qu’elle ne soit pas prise en otage. Et, elle-même, entrée en clandestinité pour devenir à son tour l’une de ces femmes de l’ombre.
Elle s’appelle Yvonne Clerc. Elle aura bientôt cent ans. Silhouette gracile, elle se tient droite. Il y a trois semaines, elle se cassait le col du fémur. La voici, devant nous, marchant à nouveau, appuyée sur la jolie canne de bambou, douce, légère et sure, que viennent de lui offrir ses petits-enfants, et qui semble ajouter à son élégance naturelle, une touche de coquetterie.  En ce samedi 21 septembre 2013, elle vient de recevoir la médaille de chevalier de la Légion d’honneur. Saint-Amour, ville où elle est née et a toujours vécu lui rend hommage. Elle prononce le discours de remerciements, émouvant, qu’elle a bien sûr écrit elle-même, d’une voix feutrée, mais ferme. L’émotion ne la fait pas trembler. Elle sait contrôler l’émotion. Toute sa vie, elle a su dominer ce qui risquait de la submerger. C’est une femme-courage. C’est une femme debout. Mais sans rigidité. En toute droiture et discrétion. Sourire si chaleureux et regard ouvert, encore et toujours, sur ses enfants et petits-enfants qu’elle adore et dont elle est très fière, mais aussi sur cet autre qui l’approche, et sur la cité qui l’entoure, et sur le monde qui la fait parfois s’indigner et s’engager à nouveau. Juste une question de distance! Ce pas de côté qui permet de mieux appréhender la réalité quotidienne. De mettre en pratique ce que les discours savants ne savent jamais réaliser. Et de faire des choix, à vingt ans comme à cent ans. Le meilleur des choix possibles, en toute lucidité. Puissions-nous suivre son exemple lorsque nous tentons d’emprunter à notre tour les chemins de la liberté!

Photo de Maurice Richemond empruntée à cet article du Progrès

Croquis d’hier et d’aujourd’hui : Charles Simbsler et la Pacific 231

Elle est tout entière force et modernité. L’âge n’est rien à sa carrure d’athlète. Jamais démodée. Toujours triomphante et corsetée de métal noir, elle a remisé aux oubliettes « La bête humaine« (1890) évoquée par Zola.  Elle continue à faire vibrer les mémoires de tous ceux qui l’évoquent avec nostalgie sur fond de musique composée par Honneger : C’est la Pacific 231!

Pacific 231 062. Compagnie de l’Est. 1935

Le père de notre ami Charles Simbsler, architecte à Strasbourg,fut l’un des conducteurs de la mythique Pacific. Charles a hérité son prénom de ce père qui lui-même l’avait emprunté à son propre père. Une dynastie de Charles dont les vies parcourent l’espace du XIX°  au XXI° siècle ! C’était dans les années 20. Le président Lebrun fut son passager les plus prestigieux. A cette époque, il était de coutume que l’hôte de marque, arrivé à la frontière invisible des chemins de fer de l’Est, descende saluer les hommes au visage noirci par la fumée de charbon et les remercie du voyage. Le président Lebrun a donc serré la main du père de Charles et le souvenir de l’événement se perpétue jusqu’à nous.

Zola à côté d’un conducteur de locomotive en 1895

C’est qu’il n’était pas peu fier, ce conducteur de la plus belle,  de la plus enviée des locomotives ! Petit garçon, né dans les dernières années du XIX° siècle, il avait été surnommé,  « Meiselocker », l’attrapeur d’oiseau. Le voici, dévalant avec les gamins de son âge, la très vieille  et très longue Grand rue de Strasbourg que les Romains avaient tracée lorsque la ville n’était encore qu’un vaste camp à la frontière rhénane.

Photo empruntée à ce site

Ainé d’une fratrie de huit enfants, il a grandi et, en effet, joué à courir derrière les oiseaux, tout près de l’église Saint-Pierre-le-Vieux.  Catholiques et protestants s’en partagent l’espace, comme il est souvent d’usage en Alsace, après que le roi Louis XIV eut recommandé de tolérer le culte protestant dans cette province qu’il vient de faire sienne et qu’il veut ménager. Charles, l’attrapeur d’oiseau ! Son enfance est allemande. Depuis 1870 et jusqu’en 1918, l’Allemagne est chez elle dans cette région dont elle veut faire la vitrine de son savoir-faire colonisateur. L’enfant entre très tôt comme apprenti-chauffeur aux ateliers de chemin de fer, à Bischheim.

Ateliers de réparation des chemins de fer de Bischheimen 1915. Photo empruntée à l’article de Wikipedia.

Apprenti-chauffeur, chauffeur, puis conducteur. Charles Simbsler a gravi tous les échelons  lui permettant un jour d’être le maître de l’incomparable Pacific 231.

La Pacific « de » Charles Simbsler que l’on aperçoit, à droite, sur la photo.

image 1  empruntée à ce site.

 

 

 

 

 

 

Portrait d’ailleurs et d’ici (8): Le menuisier jurassien

Saint-Maurice, Jura.

Parce qu’il n’a jamais voyagé (en dehors d’une escapade en Norvège, il y a bien longtemps, pour voir comment les spécialistes du Grand Nord construisaient leurs chalets de bois), le vieux menuisier, à 80 ans passés, décide de construire une roulotte.

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L’oeil est toujours malicieux, mais le souffle est un peu plus court, les jambes moins sures. Il avance appuyé sur un bâton lors de ses promenades le long du chemin montant qui conduit aux prés communaux. Mais ses mains sont agiles et sa tête l’est aussi. L’école, il n’y est pas allé longtemps. Qu’importe! Il connaît tout de la planète. La géographie, c’est sa passion. Il voyage à travers les livres qu’il emprunte. Aujourd’hui au Niger, hier à Madagascar. Il se documente sérieusement. On peut parler avec lui de ces voyages immobiles et parfois, des voyageurs du bout du monde entrent dans son atelier…

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Des amies du voisinage viennent de temps en temps peindre une frise, un volet. Mais lorsque tout sera terminé, extérieur, intérieur, lorsque l’attelage sera prêt, quel chemin empruntera la roulotte du vieux menuisier? Celui qui descend jusqu’à Clairvaux-les-Lacs ? Celui qui monte à Prénovel , ou celui, bien plus tard, qui se rit de l’espace et s’en va dans le temps?

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Photos de G. Serrière:

1- André Grenard devant sa roulotte

2- Des visiteurs venus de Chine entrent dans l’atelier

3- Le chemin des communaux qui s’en va dans le temps