Meurtre à Madagascar?

Il ne faut jamais déranger les esprits à Madagascar. Nombre de lieux ne doivent en aucun cas être foulés, sans qu’il soit besoin d’un panneau d’interdiction. Ailleurs on parlerait d’un espace tabou. Ici, il existe un mot: le fady.

Photo de la capitale Antananarivo empruntée ici

Lorsqu’un lieu est fady, nul ne s’y aventure. La rationalité occidentale expliquera le fait par sa dangerosité, une falaise trop escarpée, une colline trop éloignée du village, un champ abandonné pour sa terre trop aride, qu’importe pourtant la raison. L’endroit est fady. Et la raison importe peu. Interdit aux hommes qui se doivent d’en respecter l’usage.

Photo, côte ouest de Madagascar empruntée ici

Que se passerait-il  donc si le fady venait à être transgressé par un étranger au pays que les superstitions amusent et qu’il méprise? Allez savoir! Peut-être rien, tant l’ignorance du vazaha est immense.  Mais il ne faut tout de même pas trop parier sur l’indulgence. L’indulgence de qui? Des esprits, sans doute, qui hantent le lieu et se voient dérangés? De la population peut-être qui cherche à se protéger de ces esprits errants? Allez savoir, oui!

photo empruntée à l’article du Point

Rouler en quad sonore sur la plage interdite,

n’est-ce pas réveiller sans ménagement ni égards, la mémoire endormie? Et la vengeance ne sera-t-elle pas terrible, attirant tous les voyous et bandits en mal de rançons ou autres exactions (pour la logique occidentale, bien sûr)? Tous les fins limiers de France ou de Madagascar pourront ainsi identifier le meurtrier du couple de Tuléar. Mais quelle Fred Vargas  sera à la hauteur de l’événement pour le transcrire et en révéler le véritable auteur ?

L’énigme du samedi: Elle logeait parfois chez un prince…

Quand nous ne lui  prêtions pas l’oreille,

elle s’en allait

loger chez un prince!

L’auteur dont je parle aujourd’hui

savait l’en déloger

pour nous traduire

son vagabondage sémantique.

Quel est donc cet auteur

et quel est l’ouvrage évoqué dans ce billet?

Le tableau représentant le château du prince est emprunté ici

La solution: « Mort de quelqu’un » de Jules Romains

Ce n’était pas facile! Il ne suffisait pas de pianoter pour aboutir à cette « Mort de quelqu’un » publié par Jules Romains en 1911. Mais Motsaïques a trouvé.

J’ai, quant à moi, découvert l’ouvrage dans la bibliothèque d’un ami, la semaine dernière. Il ne m’était jusqu’alors jamais tombé entre les mains! Il faut dire que Jules Romain ne trône pas en numéro un parmi la liste des auteurs les mieux vendus dans les librairies. Essayez par ailleurs de vous procurer « Les hommes de bonne volonté« , grâce à Internet, vous mesurerez l’oubli au fond duquel l’écrivain est tombé ! Merci tout de même aux vendeurs d’occasions!

Et pourtant, l’écriture de Jules Romains est étrangement contemporaine. Style épuré. Phrase courte. Distanciation du narrateur. Le cinéma nous a aujourd’hui habitués à cet enchaînement rapide des plans. Au même moment que se passe-t-il? On se rappelle l’ouverture d' »Amélie Poulain« qui  est devenue l’archétype du procédé narratif: « Unanimisme »! Ainsi Jules Romains avait-il nommée, cette manière de voir et de dire l’ensemble des micro phénomènes composant tel ou tel événement. Lorsque son héros solitaire meurt, dès le début du roman, sa présence est encore tangible, portée par ce que provoque la découverte de sa mort chez ses voisins qu’il ne fréquentait pas, par le télégramme qui arrive au village de ses vieux parents, par le voyage du père jusqu’à Paris…Chaque geste, chaque souffle composent le tout auquel chacun appartient. Grand défi que celui de Jules Romains cherchant par l’écriture à révéler la partition de l’instant où chaque quidam détient la clé de l’accord suivant!

L’énigme du samedi: Des gens modestes

Les deux héros sont plus que modestes

ils sont pauvres,

un froid de gueux emprunté ici

mais il s’aiment.

Un roman épistolaire

raconte leur histoire.

C’est le premier roman de cet immense auteur

qui « donne un avant-goût

des épouvantables visions de pitié » qui caractérisent

l’ensemble de son oeuvre.

Quel est donc ce roman

et qui l’a écrit?

La solution: Le voyage à Nuremberg de Hermann Hesse

Cet ange noir, à l’angle d’une rue de Nuremberg, n’a certainement pas de connotation maléfique. La ville, autour de lui, bat au rythme tranquille d’une fin de dimanche après-midi. Février. L’hiver traîne encore autour des fontaines. Le vent est froid. Les pavés mouillés reflètent du ciel bas, sa lumière métallique.

Nuremberg fut la ville des célèbres procès. Ville détruite et rebâtie à l’identique avec ses clochers, ses tours, ses remparts qui ne la protégèrent pas du nazisme, au contraire.

« Pourquoi Nuremberg devient-elle dès 1927 la ville du NSDAP ? L’affiche ci-dessus amène un élément de réponse. Il est écrit « de la ville des diètes d’empire (Reichstage) à la ville du congrès du parti du Reich (Reichsparteitage). » Entre le XIe siècle et le XVIe siècle, la plupart des empereurs germaniques résident une partie de l’année à Nuremberg. Depuis la Bulle d’or de 1356 de l’empereur Charles IV, chaque nouveau souverain a l’obligation de réunir la première diète de son règne à Nuremberg. On comprend évidement la volonté des Nazis d’inscrire un lien symbolique entre le Saint Empire romain de nations germaniques et le IIIe Reich en choisissant cette ville. »

Photographie prise au Dokumentationszentrum (DZ). Extrait emprunté à ce site.

Le voyage à Nuremberg, publié en 1927, par Hermann Hesse (1877- 1962), ne retrace évidemment pas le passé nazi de la ville. Il s’agit d’un parcours initiatique après la première guerre mondiale. Mais l’écrivain écrira d’autres ouvrages, comme « Le jeu des perles de verre » qui contribueront à l’obtention de son prix Nobel, en 1946.