Portrait de Guy Chouraqui, homme de sciences, amateur et passeur d’oeuvres littéraires. Portrait.

J’ai déjà évoqué Guy Chouraqui sur ce blog, en relatant parfois les « conversations » de fin d’après-midi, se déroulant dans cette ruche aux miels variés qu’est l’incroyable Librairie Kléber , à Strasbourg ».

ruche.1209548849.jpg

Un soir, après qu’il eut conversé avec Michel Serres au sujet de son livre « Le Mal Propre « , j’ai donc fait taire ma timidité pour aller lui témoigner tout le bien que je pensais de sa manière de parler d’un livre, de son art d’amener sans qu’il y paraisse, l’auteur à entrer dans le coeur de son ouvrage, en se tenant lui-même en retrait, économe de sa parole, mais toujours préoccupé d’un public en attente. Pédagogue. D’abord pédagogue. Passeur de l’univers de l’oeuvre abordée à celui de l’ auditeur attentif. Respect de l’écrivain à ses côtés. Respect de l’autre, anonyme, dans la salle.

Ainsi, j’attendais pour lui parler (alors que la vedette du jour était, comme je l’ai dit, le grand Michel Serres) qu’un couple ait terminé sa conversation avec lui. Elle, jolie jeune femme noire et lui, homme aux traits pâles étaient en train de lui témoigner leur reconnaissance! Ils étaient tous deux en fin d’études de médecine et avaient reconnu leur ancien professeur. Je les entendais exprimer avec ferveur qu’ils ne l’avaient jamais oublié, que ses cours avaient été pour eux, extraordinaires!

Guy Chouraqui a été en effet Professeur de physique à l’université de Strasbourg. Il y a également enseigné l’épistémologie et l’histoire des sciences et de la médecine. A présent retraité il accepte de temps à autres d’animer ces rencontres littéraires autour d’ouvrages qu’il aime à étudier.

chouraqui-et-luc-ferry.1209551058.jpg

Nous avons donc fait connaissance de cette manière, pendant que se déroulaient, à nos côtés, les signatures autour du livre du philosophe. Depuis, je sais que Guy Chouraqui, fin connaisseur de Perec qu’il a étudié dans un savant trompe-l’oeil à découvrir, est aussi lui-même poète . Il me semble ainsi que ce passeur d’oeuvres, aux yeux malicieux, incarne l’idéal souvent recherché de ce qu’on appelait « L’honnête homme » au siècle classique, ou au siècle des lumières. C’est à dire un homme hautement savant, que toute discipline passionne. C’est à dire un homme sachant partager son savoir et sa sensibilité avec les membres de la société qui l’entoure. Avec mesure et gourmandise. Avec retenue et passion.

L’ayant fait sien, voici le conseil donné par Guy Chouraqui : Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu risquerais de ne pas te perdre...

chemins.1209552734.jpg

Photo 1: Conversation avec Luc Ferry en 2006. Un moment plutôt difficile, de l’aveu-même de G. Chouraqui.

Photo 2: emprunté au site « petit poucet ».

Place aux sciences. Le roman de la forme de l’univers: Jean Pierre Luminet dans « La discorde céleste »

Strasbourg. Jeudi 27 mars.17 h30.

Salle blanche de la Librairie Kléber .

Place à la science ce soir. Place, même, aux savants.

Jean-Pierre Luminet , (écoutez-le sur ce site ) astrophysicien de renommée mondiale , est aussi un homme d’écriture et un pédagogue. Le voici entouré de Guy Chouraqui et de son complice, Philippe Dumas, venus l’interroger sur son dernier livre. Un roman! Son titre: La discorde céleste (éditions J.C. Lattès ).

discorde-celeste.1206713571.jpg

« En 1600, deux hommes exceptionnels vont se rencontrer et révolutionner notre vision du monde. Ils vont contribuer aux premiers soubassements des sciences modernes. Leur nom : Tycho Brahé et Johann Képler . Nous sommes à l’heure où la Terre est sur le point d’être éjectée du centre de l’Univers pour être remplacée par le Soleil.

Tycho Brahé est né au Danemark. Jouissant d’une grande fortune, il a fait bâtir le plus grand observatoire de tous les temps sur l’île de Vénusia. Ainsi, accumulera-t-il des milliers d’observations célestes d’une précision jamais atteinte jusque là. De ces observations, il proposera un système planétaire dans lequel la Terre restera au centre de toute chose. Johann Képler est né en Forêt Noire. Pauvre, à la santé fragile et aux aspirations mystiques, il a une obsession : Découvrir la grande Harmonie du monde. Fort de ses grands talents de mathématiciens il cherchera à démontrer sa propre « vision » ; mais pour cela il a un grand besoin d’entrer en possession des observations de Tycho. »

Quand un savant connaît pleinement la force des mots et sait de plus nous la faire partager, alors, « l’honnête homme » qu’il est pleinement, (c’est à dire cet homme dont la culture est étendue au-delà des frontières établies habituellement entre les diciplines et dont il sait faire usage sans flatter sa propre vanité- depuis Freud, on parlerait d’égo-) ce parfait « honnête homme », donc, parvient à nous toucher profondément et à nous faire voyager en tout émerveillement, à travers la forme immobile et mouvante de l’univers. De quoi faire tourner bien des têtes!