Outre l’observation du parcours stéréotypé des héros, Campbell (cf. les 3 billets précédents) s’est beaucoup intéressé à l‘origine des dieux dans « Les masques de dieu », par exemple, trouvable seulement en anglais aujourd’hui. Sa façon de considérer la religion, la mise à distance raisonnable qu’il pratiquait, n’ont pas manqué de susciter chez les détenteurs des orthodoxies un jugement péremptoire à son égard comme penseur de mauvaise fréquentation .
Campbell affirmait en effet que les modèles des dieux que nous adorons, qu’ils appartiennent à la mythologie ou aux religions modernes, se trouvaient être, il y a de cela bien longtemps, de simples hommes. Nuançons. Pas vraiment des hommes ordinaires, mais de ceux ayant accompli des exploits tels que la légende les a glorifiés au fil du temps jusqu’à créer les dieux qu’ils sont devenus. Or, de la création du monde, aux armes sophistiquées de James Bond , il n’y a qu’un pas qui franchit l’immensité du temps. C’est que le fameux schéma de Campbell est à l’origine de tout un pan du cinéma hollywoodien. Nombre de scénarios, en effet, ont été construits et continuent de l’être, selon la structure qu’il a dégagée.
Christopher Vogler, un écrivain et producteur de film hollywoodien, a ainsi rédigé un mémo de sept pages qui a fait école. Il s’agit d’ « Un guide pratique du héros aux mille visages », fondé sur l’étude de Campbell. Ce guide du scénariste a abouti à de nombreux ouvrages dont « Le seigneur des anneaux » et de nombreux films tel Le Roi Lion réalisé par Disney et jusqu’à l’élaboration de scénarios pour jeux vidéo. Plus récemment, George Lucas a déclaré s’être lui aussi servi des idées du Héros aux mille visages ainsi que d’autres travaux de Campbell, pour écrire La « Guerre des étoiles » !!!!
De là à confondre l’image avec la réalité, le brouillage est souvent effectif! Si James Bond, homme fictif et non moins convoité, né du livre de Ian Fleming devient plus tard un dieu, la théorie de Campbell s’effondre. Il n’est pas né chez les humains! De plus, la concurrence est rude entre les « Superman » créés de toute pièce pour nos écrans, et les autres, personnages véritables, attestés par l’histoire, tels Robin des Bois, Mandrin ou Zorro…
Seuls les siècles qui font les millénaires jugeront de la nouvelle dynastie de l’Olympe et décideront des nouveaux dieux à adorer. Pour l’instant, gardons-nous de confondre les héros de nos séries favorites avec les simples mortels fussent-ils élus aux fonctions suprêmes! Revenons un peu à la réalité. En dépit de leurs immense talents et des attentes infinies du monde qui les entoure, ils n’en restent pas moins de simples mortels, de simples hommes, pas même des demi-dieux, de ceux que leur talon, cependant, a trahis.
Tableau de Zeus imploré par Thétis par Ingres, emprunté à ce site .
Je crains que vous n’ayez commis une légère erreur. Les écrits de Vogler ont certes pu influencer l’adaptation cinématographique, ô combien catastrophique pour les deux derniers volets, du Seigneur des anneaux mais en aucun cas l’ouvrage du professeur Tolkien.
J’aimeJ’aime
je sais que Chantal est en voyage, et pourtant chaque jour tombe un nouveau billet… miracle!
Nietszche? cela me rappelle nos spéculations de ce week-end pour résoudre « l’énigme » (la seule, l’unique). Je n’étais pas tombé si loin alors 🙂
J’aimeJ’aime
Ou la la! Attention, je ne cherche pas à insulter le grand Tolkien, bien sûr!
Les polémiques sur les influences sont nombreuses et de toute façon n’enlèvent rien au génie de l’auteur. Je laisse aux spécialistes, dont vous devez faire partie, Neith, le soin d’en juger.
Ce que je voulais évoquer, c’est l’attitude infantile des foules qui attendent des hommes politiques, des performances dignes des héros inventés par Hollywood, selon, entre autres, le fameux schéma de Campbell.
Merci Alain d’ avoir souligné le « miracle »!
J’aimeJ’aime
Le personnage de Superman n’a pas été créé pour le cinéma, mais pour la bande dessinée, et a été publié pour la première fois en 1938.
Les créateurs, deux jeunes juifs, étaient semble-t-il assez conscients du type de héros qu’ils avaient imaginé.
Les choses sont donc un peu compliquées que vous paraissez le penser.
J’aimeJ’aime
J’avoue, François. J’avoue. Il y a toujours simplification dans un billet court un peu à l’emporte-pièce. Mais c’est justement la simplification qui est intéressante à observer dans cette fascination pour les héros quelle que soit l’époque, quel que soit le lieu. Et il semble que le fait d’être conscient au moment de la création de bandes dessinées ou de films ne contredit pas le propos. Merci en tout cas, pour la remarque permettant de continuer observation et débat.
J’aimeJ’aime
je trouvais coooooooooooooooollllllllllllllllllllll!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! et amusant.
J’aimeJ’aime
Bonjour…
Juste une petite précision sur la position de Campbell et l’influence de « the hero with a thousand faces »…. Campbell ne stipule pas « simplement » que les dieux sont le fruit de la transformation d’hommes qui n’en étaient pas et le sont devenus (des dieux), entrant dans la légende, parce qu’ils avaient réaliser des exploits…. Mais surtout que les mythes et par ce fait, les religions, proviennent certainement d’une même mythologie première, et que, de ce fait tous les héros de mythe, contes et autre fables, peu importe la culture, ont des correspondances, reflètent un même schème de base.
Beaucoup se sont inspirés de sa posture (musique, cinéma, littérature, etc.) mais surtout dans le cadre de l’interprétation moderne de structures mythique fort lointaine. C’est ça, l’œuvre de Campbell. Même si les bases du voyage du héros se retrouvent dans les scénarii (ma fois fort légers) hollywoodiens, Vogler mit en garde assez souvent les concepteurs du genre contre un copier/coller abusif de la trame proposée, rendant toute création assez mièvre.
Enfin les super héros pour l
J’aimeJ’aime