A tous ceux d’entre vous, torturés par le désir d’écrire, en panne devant leur feuille blanche à essayer de brosser le portrait du héros de leur futur best seller, Joseph Campbell (1904-1987) apporte son aide. Dans son essai « The Hero with a Thousand Faces« , paru en français sous le titre (on se demande pourquoi), « Les Héros sont éternels »(1949), le célèbre anthropologue américain affirme que tous les héros suivent le même parcours stéréotypé. Et ce n’est pas la moindre des surprises que de découvrir 12 étapes obligées à la réalisation de ce parcours schématique. 12 étapes oui, comme les 12 travaux d’Hercule!
Les voici résumées ci-dessous:
- Le héros dans son monde ordinaire : il s’agit d’une introduction qui fera mieux ressortir le caractère extraordinaire des aventures qui suivront
- L’appel à l’aventure, qui se présente comme un problème ou un défi à relever
- Le héros est d’abord réticent, il a peur de l’inconnu
- Le héros est encouragé par un mentor, vieil homme sage ou autre. Quelquefois le mentor donnera aussi une arme magique, mais il n’accompagnera pas le héros qui doit affronter seul les épreuves.
- Le héros passe le « seuil » de l’aventure, il entre dans un monde extraordinaire, il ne peut plus faire demi-tour
- Le héros subit des épreuves, rencontre des alliés et des ennemis
- Le héros atteint l’endroit le plus dangereux, souvent en profondeur, où l’objet de sa quête est caché
- Le héros subit l’épreuve suprême, il affronte la mort
- Le héros s’empare de l’objet de sa quête
- Le chemin du retour, où parfois il s’agit encore d’échapper à la vengeance de ceux à qui l’objet à été volé
- Le héros revient du monde extraordinaire où il s’était aventuré, transformé par l’expérience
- Le retour dans le monde ordinaire et l’utilisation de l’objet de la quête pour améliorer le monde (donnant ainsi un sens à l’aventure) (l’énumération est reprise et empruntée à l’article de Wikipedia)
A vous de vérifier si Barack Obama, peut être à la hauteur (de l’immense espoir soulevé) . A vous de vérifier s’il a bien franchi les 12 étapes afin d’accomplir les 12 travaux que les Américains et le monde lui ont confiés : Nettoyer les écuries d’Au…je veux dire de la finance internationale, « sauver l’industrie automobile, sans lui donner un chèque en blanc », triompher de l’hydre…je veux dire mettre un terme à la guerre en Irak, à la guerre en Aghanistan, à la guerre entre Israël et la Palestine, dans les pays africains des Grands Lacs, combattre l’obscurantisme religieux, le racisme rampant, l’injustice, la crise des subprimes, débarrasser l’Europe de ses démons, vaincre la peur du terrorisme, fermer Guantanamo, restaurer la crédibilité d’une éthique laïque en France…chacun peut ajouter ce qui lui paraît essentiel…Puisqu’en toute déraison, on peut tout attendre d’un héros!
J’imagine donc les simples mortels que vous êtes, vous précipitant à la recherche du livre de Campbell. Hélas! L’ouvrage est indisponible sur Amazon, à la FNAC ou chez votre libraire préféré. Mais il vous sera proposé (remerciez-moi de l’avoir déniché!), sur Price Minister… à 250 euros!!!
Si cela dépasse vos moyens, rabattez-vous sur le schéma de Propp : 7,13 euros! On respire.
L’article sur Barack Obama porteur de tant d’espoirs a été signalé par Olivier, notre inlassable et indispensable navigateur à travers la blogosphère.
A suivre
Il est vrai que l’on retrouve toutes ces étapes dans la plupart des contes, romans d’aventures ou film : Harry Potter, Le seigneur des anneaux, la Guerre des étoiles (première trilogie)
Et pourquoi payer 250€ un livre dont le résumé tient en 12 points ?! 😀
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Bien vu, Sammy. Voilà qui anticipe sur la « suite et fin » déjà rédigée de cette chronique.
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Si Obama était Français.
La question que je ne cesse de me poser est de savoir jusqu’à quel échelon de la société Française un nom comme « Barack Hussein Obama » aurait put monter. Aurait-il survécu jusqu’au Sénat Français ou se serait-il égaré dans la foule de ceux `a qui l’on conseille assez souvent en France de changer de nom pour accéder `a leur première interview d’embauche ? Voilà pourquoi je suis enthousiasmé par cette Amérique qui est de retour après 8 ans ternie par l’administration Bush. L’élection de ce métis au plus haut poste politique est le résultat d’un travail expérimental (car l’Amérique est le pays de l’expérimentation pas excellence) qui a commencé loin déjà derrière nous dans les années 60, et qui a culminé avec le « Civil Rights Act de 1964 » (amendé en 1968 et 1991) grâce en grande partie au non-conformisme d’un autre Noir, Martin Luther King Jr. .Monsieur Obama c’est le fruit mûri de cet arbre planté en 1964. Si l’Europe a visionné les « Lumières » au dix-huitième siècle, il n’y est resté qu’un mouvement intellectuel alors qu’aux EUA il s’est matérialisé.
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Ou encore de le lire en version originale anglaise pour une petite dizaine d’euros… 😉
Mais à part cela, Campbell est très séduisant mais comporte un sérieux problème de méthodologie. En effet, son modèle est assez lache ou flou pour que n’importe quel mythe (historique ou fictionnel) puisse y rentrer si on l’interprète suffisamment « bien ». Il est proprement infalsifiable, au sens de Popper: il est impossible de prouver qu’il a tort puisque, par principe, il peut tout expliquer… Chose qu’on a pu également reprocher à l’astrologie, à la vision marxiste de l’histoire ou à la psychanalyse : la « bonne » interprètation valide toujours le modèle.
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Merci Thierry-Paris pour l’enthousiasme et merci beaucoup, Fabien d’ouvrir le débat.
Voilà, bien entendu où je veux en venir de manière sous-jacente. Le schéma de Campbell, qui a eu l’importance que l’on sait dans le formatage inconscient de nos mentalités (mais je ne déflore pas complètement mon billet prochain), est forcément réducteur.
Je veux dire que fabriquer en « live », comme on dit, un nouveau héros, un surhomme, en prétendant attendre de voir si le nouveau président résoudra bien tous les problèmes du monde, c’est confondre un événement politique avec le cinéma hollywoodien, comme on regarderait passivement James Bond ou Superman…C’est aussi participer encore du cynisme ambiant qui n’a jamais fait avancer d’un pas.
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Bonjour, mes cours de fac lettres sont loin. Propp c’était la structure narrative, adjuvants et opposants au héros n’est-ce pas? Ouh ça ne me rajeunit pas du tout 😉
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Excellente mémoire!
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Chantal vous êtes mûre pour un bon jeu vidéo de rôle. J’en ai plein à la maison, pas de souci pour en prêter !! 😉
RV
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RV, vous en savez des choses! C’est vrai que Campbell avec son schéma a inspiré les fabricants de de jeu vidéo. Mais bon, ça c’est pour le dernier billet.
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En France, on attend une héroïne désespérément…
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Ma première visite. Très intéressant.
Disons que si la Terre, ou les U.S.A. avaient besoin d’un héros, il était temps qu’il arrive. En espérant…
En espérant que les U.S.A cessent leur politique de «grands guerriers» et la vente de leur «américan way of life» sans respect pour la différence des peuples, des cultures. Hélas!
La plupart de leurs présidents ont été des cyclopes….
Merci!
À la prochaine!
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Bonjour et merci à Campbell de m’avoir propulsé dans ce blog sympathique (dans ma recherche de son livre… ailleurs que sur eBay ;-).
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Pour tout dire, aux dernières nouvelles, le livre existe en français en éditions de poche!
Tant pis! Je ne modifie pas ma chute.
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Suite et fin, le héros est en train de revenir d’entre les morts…
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