Tandis qu’on s’attend en France, à l’annonce imminente d’un nouveau chapitre écrit par Ségolène Royal, au pays de Kathrin Mansfield, Janet Frame, Jane Campion, Kapka Kasabova (pardonnez-moi, la liste est loin d’être exhaustive)…au pays, donc, où les femmes tiennent le haut du pavé en matière de récompenses littéraires, au pays où le droit de vote féminin a été obtenu dès 1893 ….en ce pays-là, une femme, aujourd’hui, s’en va. Elle quitte le devant de la scène. La récente élection de Barack Obama a suscité tant d’intérêt et d’attente à travers le monde, que plus rien ne semble susceptible d’attirer l’attention. Et pourtant la vie continue. Et pourtant, elle tourne, cette terre qui ignore les soubressauts de l’histoire récente. Ainsi, Helen Clark, l’actuelle premier ministre travailliste en Nouvelle-Zélande, cède discrètement sa place à John Key, un banquier millionnaire conservateur.
Bonne perdante, elle a déclaré: « Nous n’avons pas bénéficié ce soir de la faveur des électeurs, mais je respecte ce choix et en accepte la responsabilité« . Elle a ajouté alors qu’elle quittait la direction du parti qu’elle dirigeait depuis quinze ans.
Après le résultat des urnes qui bien évidemment ne peut que réjouir les partisans du nouveau premier ministre, le blues est sensible au pays des kiwis. Récemment entrée en récession (ceci explique probablement cela), la Nouvelle-Zélande devra-t-elle chercher son chemin en accentuant le développement d’une société néo-libérale sur laquelle pèsent tant de suspicions?
Helen Clark s’était par ailleurs engagée dans la lutte contre la pollution. De ce fait, elle a contrarié certains industriels. L’automobile est en effet reine dans ce pays où les vastes espaces, la présence permanente de la mer, la beauté des hauts sommets donnent parfois l’illusion d’une société alternative à un développement sans contraintes. Mais il n’en est rien. Les transports en commun des villes ont encore de grands progrès à accomplir. La conception de l’extension urbaine également.
Mais c’est ainsi. La démocratie s’est exprimée. Huit ans à la tête d’un gouvernement, ce n’est pas une mince affaire!
J’ai déjà parlé sur ce blog, de la présence d’Helen Clark . De sa simplicité tranquille. De son parler sobre. De sa manière de s’asseoir à votre table et de partager un sandwich lors du Waitangi Day.
Espérons que le changement ne bouleversera pas cet équilibre fragile entre un peuple et la nature exceptionnelle qui le façonne, donnant au visiteur s’en retournant chez lui, la nostalgie de cette terre du bout du monde, le désir (à la manière de Charles Juliet ou d’Annie Saumont) de parler d’elle. Elle, Aotearoa , lumineuse sous son long nuage blanc. Le blues, quoi.
Photo d’Helen Clark empruntée à un article (moins politiquement correct, mais certainement plus proche de la réalité que le mien ) du Courrier International.: »Helen Clark renvoyée par les machos »
Bonjour,
Ca ne serait pas 1893 plutôt que 1993 pour la date du droit de vote des femmes ?
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Bien vu, merci pour la lecture vigilante.
Je viens à l’instant de corriger.
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J’aime bien ce passage obligé par la littérature pour illustrer une réalité politique. Nous aurions d’ordinaire vu plutôt le contraire. Bel hommage à madame Helen Clark que je ne connaissais que très peu, à ma grande honte. Merci.
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Allez, juste pour tempérer votre vague d’enthousiasme néo-zélandais :
http://geographie.blog.lemonde.fr/2007/02/16/cxxx-ne-pas-confondre-baleines-et-cest-assez-petites-nouvelles-antarctiques/
😉
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Il ne s’agit nullement d’enthousiasme. Allez vite voir.
J’ai bien dit dans mon billet qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une société idéale, alternative…d’ailleurs l’engagement en faveur de la défense de l’environnement vient justement de coûter cher à Helen Clark!
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Bonjour Chantal,
Merci pour cet article – et j’ajouterai : ah, enfin quelqu’un qui cite Janet Frame sur la toile francophone ! En ce qui concerne les références littéraires, justement, une coïncidence : j’ai placé hier un collage de textes de Janet Frame et de Katherine Mansfield sur mon blog… et viens d’ajouter un lien sur le vôtre, donc.
Bonne journée.
A bientôt peut-être.
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