Avec l’autorisation de Delphine Kilhoffer , voici son témoignage (emprunté sur son blog): Une plongée au coeur de ce monde particulier des correcteurs qui fera plaisir, je le pense, à Marie-Lise, correctrice à Vienne (Autriche) et à tous les autres, anonymes artisans de l’écriture, si nécessaires au polissage de ces textes que nous admirons.
Correction et solidarité
« Il y a maintenant un an, je me suis formée au beau métier de correctrice. Sur une vingtaine de personnes à suivre ce cours, nous sommes quatre à être restées en contact internet hebdomadaire, voire quotidien – quand j’y pense, c’est plutôt une bonne moyenne, non ?
Dans les premiers mails échangés après la formation, on sentait une vraie envie de communiquer et de rester en contact, mais aussi une petite raideur : chaque message, même de deux lignes, avait été consciencieusement relu, retourné, soupesé, afin de s’assurer qu’aucune vilaine faute de frappe ou d’orthographe, qu’aucune syntaxe branlante ou vilain pléonasme masqué ne viennent ruiner notre crédibilité auprès de nos collègues.
Depuis, on s’est lâché. Il y a le boulot, et il y a la vraie vie, celle où l’on cause et l’on écrit parfois à la va-que-je-te-pousse. Après tout, une fois rentré chez lui, le chef a le droit d’ouvrir une boîte de raviolis pour ses enfants ; l’infirmière celui de ne pas s’enquérir de la santé de son mari ; le cordonnier d’être mal chaussé.
Donc, maintenant nous nous écrivons normalement, sans crainte d’être jugées, mais surtout, nous nous écrivons dans la solidarité. Parce que notre langue et les règles de typographie sont pleines de pièges infernaux – je ne donnerais pas cher d’Indiana Jones et de son fouet s’il partait à la recherche du circonflexe perdu –, nous nous tenons informées des textes que nous corrigeons et nous interpellons régulièrement sur des passages épineux. Nous ne sommes pas toujours d’accord, ça bataille, ça argumente, mais toujours dans le respect et le souci de comprendre. Bref, c’est chouette, un peu de correction dans ce monde de brutes. »
Delphine kilhoffer
Tableau: Bernard Braillard , alias, Pierrotet. Peintre jurassien.
Voilà un bien chouette article ! Une belle aventure de vrai partage comme je les aime. Et puis voici une idée intéressante que d’imaginer un aventurier partir à la recherche d’un accent circonflexe perdu : voilà qui va me divertir durant mon long trajet en bus où je ne peux rien faire d’autres que rêver : toute autre activité me donnant la nausée des transports qui du point de vue du dialogue, devraient se nommer bien autrement que transports en commun !
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J’apprécie beaucoup de blog de Delphine, qui sait donner en partage avec drôlerie et délicatesse. Un bel hommage fait ici à ces artisans du mot qui agissent dans l’ombre (mais un jour, ils seront les maîtres du monde, c’est évident).
Kiki 🙂
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Merci Chantal de faire circuler ce petit texte 🙂 Une anecdote que je n’y ai pas mis : lorsque je dis que je suis correctrice, la plupart des gens pensent que je corrige des copies d’élèves ! A chaque fois, cela vient me rappeler combien ce métier est méconnu.
Ravie d’avoir fait rêver Sandrine, et d’apprendre grâce à Kiki que je vais bientôt faire partie des maîtres du monde !!! 😉
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