« La masse verte du fleuve continue de passer, comme une seule pensée, sans vague, presque sans plis, avec des moires luisantes et grasses. Christophe ne la voit plus; il a fermé tout à fait les yeux, pour mieux l’entendre. Ce grondement continu le remplit, lui donne le vertige; il est aspiré par par ce rêve éternel et dominateur. Sur le front tumultueux des flots, des rythmes précipités s’élancent avec une ardente allégresse. Et le long de ces rythmes, des musiques montent, comme une vigne qui grimpe le long d’un treillis: des arpèges de claviers argentins, des violons douloureux, des flûtes veloutées aux sons ronds…Les paysages ont disparu. Le fleuve a disparu. Il flotte une atmosphère tendre et crépusculaire. »
Romain Rolland: Jean Christophe, l’Aube. Ed. Albin Michel. 1931. P. 68.
Illustration:1- vallée de la Loreleï
2-Evocation de Ludwig van Beethoven Symphonie n° 9 en ré mineur op. 125 –
partition autographe, 4e mouvement
Photo, texte, musique, tout est parfaitement assorti.
Merci qui ? Merci Chantal !
Kiki 🙂
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P-S, chez Madame Musique, l’Ode à la Joie s’est infiltré aussi :
http://madamemusique.canalblog.com/archives/2007/09/18/6253220.html
Coïncidence ? Y’a d’la joie !
ReKiki
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Chantal
Ce qui me touche à la vue de cette image, c’est d’abord le fleuve lui-même et ce beau nom de la vallée qu’il traverse : la Lorelei. Vue de ce côté-ci, il y a dans ce nom et dans les mots de Romain Rolland une nostalgie difficile à définir. Évocation bien inspirée par les accents de la neuvième, majestueuse, sonore, massive tout en gardant un flottement divin dans l’air du temps.
Pierre R. Chantelois
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Ah! Les coïncidences!
Merci à vous pour ces commentaires.
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c’est vrai alors, chantal, les grands esprits se rencontrent? tous les sentiments humains sont réunis dans cette musique et ce texte, en tout cas. Quand à nous, on dirait que toutes nos antennes se cherchent dans la semi-obscurité. belle demande de mes élèves que d’écouter cela! et belle lecture que ces posts. à bientôt!
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Quelle douce musique fluviale.
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