N’en déplaise à ceux qui chercheraient à s’emparer d’un héritage dont ils n’ont pas l’exclusivité, je n’ai pas modifié ma devinette du week-end, rédigée avant certaine visite médiatisée, dans les lieux-mêmes que j’évoque !!! Surtout, ne pas avoir peur, ne pas se laisser déposséder.
La période que nous venons de vivre, en effet, chargée de si lourds enjeux, est naturellement marquée par une surenchère du verbe. Débats, commentaires, discours, adresses directes, écrits divers: avalanche de mots semblant détenir tous les pouvoirs, rapts du vocabulaire de l’adversaire, incroyable mimétisme de l’immoralité politique dont la logique verbale conduit à la confusion, à la fascination, au conditionnement d’un public captif.
Mais les mots sont-ils toujours détenteurs uniques de pouvoir? Existe-t-il d’autres alternatives ? Bien sûr, dans les hauts moments de tension, de menaces ou de conflits déclarés, le choix des moyens d’action est toujours difficile.
Ainsi, pour l’écrivain Jean Bruller, signant Vercors à partir de 1942, avec pour pseudonyme le nom d’un massif montagneux des Préalpes françaises et d’un maquis célèbre, c’est le silence et non le verbe qui est l’arme choisie pour incarner la lutte, la résistance à l’adversaire:
Le Silence de la mer, en effet, « texte d’une grande sobriété littéraire est très vite devenu l’emblème de la Résistance intellectuelle française. Il est imprimé clandestinement en février 1942 à trois cent cinquante exemplaires pour Les Editions de Minuit que Vercors a fondées avec Pierre de Lescure »:
« En 1941, au début de l’occupation, un officier nazi, épris de culture française, est « hébergé » (logé de force) dans une famille comprenant un vieil homme et sa nièce. Par des monologues prônant le rapprochement des peuples et la fraternité, il tente, sans succès, de rompre le mutisme de ses hôtes dont le patriotisme ne peut s’exprimer que par ce silence passif. Quand l’officier se rend compte que le rapprochement des peuples, prétendu par la propagande nazie de l’époque, n’est qu’une duperie, il décide par dépit de s’engager sur le front de l’est.
L’ouvrage est dedicacé à « Saint-Pol-Roux , poète assassiné », en vérité mort de chagrin lorsque les Allemands violèrent sa fille et tuèrent sa servante, après avoir brûlé son manoir. »
(d’après Wikipedia)
Pour plus d’informations, consultez:
http://terresdefemmes.blogs.com
Certes, il n’est pas sûr que le silence soit toujours l’arme la plus efficace, cette force passive, à la manière d’un Gandhi, partisan jusqu’au bout et dans les situations les plus extrêmes, de la non-violence.
L’ouvrage de Vercors dont le père était hongrois, (gardons, je vous en conjure, le sens de l’humour!!!), n’a d’ailleurs pas manqué de susciter nombre de polémiques.
La vieille sagesse populaire était prudente pourtant au cours des âges, transmettant inlassablement le poncif « la parole est d’argent, mais le silence est d’or… ». Mais c’était avant l’âge des conditionnements médiatiques nous ouvrant tout grand les portes de ce « Meilleur des mondes » annoncé, de ce « 1984 », légèrement décalé dans le temps. Merci Monsieur Huxley, merci Monsieur Orwell…Les foules s’y précipitent, nous y voici.
A moins que…
Bonjour,
Pourquoi faire une allusion partisane à l’occasion du moment de détente que représente votre énigme ?
Vous relevez la force des mots, il est donc important de les utiliser consciemment et surtout de ne pas les manipuler dans un sens ou dans un autre.
J’ai beaucoup de respect pour vous mais mes convictions au cours de ces dernières semaines ayant été l’objet de multiples attaques, souvent des plus basses, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Je ne peux croire que vous vous laissiez aller à de telles insinuations.
Je suis sincèrement désolé et j’espère que mes propos ont été suffisamment mesuré pour ne pas vous choquer.
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L’utilisation des mots relève toujours d’une manipulation… Avec les mots, pas de pays neutre, pas de suisse (excepté dans le mot « casserole » ? Et encore… on en traîne quelquefois derrière soi)
L’expression verbale ou littéraire constitue l’individu. Le choix de valeurs ou d’un mode de pensée est humain ! Je n’ai pas vu d’allusion « partisane » ici, mais une grande sensibilité face aux bruits et aux fureurs, et une dénonciation de dangers potentiels (j’y vois un rapport avec ceci, d’ailleurs : http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-906026@51-906027,0.html
Motpassant, Chantal ne vous a pas attaqué (ni moi, j’espère) ! Et le dialogue n’est jamais inutile …
Kiki
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Merci Posuto. C’est exactement cela.
Cher Motpassant, je me suis retirée de l’écriture et de la lecture des blogs pour différentes raisons et particulièrement parce que la trop grande quantité de mots fausse, lamine totalement le sens des messages. Et je regrette que vous en ayez été victime vous-même.
La mise en scène savante de la vie quotidienne requiert de chacun d’entre nous, une immense vigilance pour que nous ne soyons pas manipulés malgré nous. C’est pourquoi je cherchais dans cette énigme, à mettre en avant cette autre arme que constitue le silence (à l’aide du chef d’oeuvre de Vercors) tout en sachant qu’il est souvent nécessaire de sortir de ce silence si le danger nécessite une forme plus efficace de résistance ou de combat.
Parce que je crois qu’il y a danger, en effet.
Il faut se rappeler que notre génération si privilégiée au regard des précédentes qui ont connu tant de guerres récurrentes, s’est toujours demandé comment il avait été possible qu’un jour, de manière très démocratique, un leader s’appuyant sur les affres liés à la précarité, le désordre inhérent au mal-être social, la crise économique ambiante, soit élu, (oui, élu!) malgré la dérive manifeste des discours, la gestuelle, le ton…Un vrai mystère!
Cela se situe au-delà des convictions orientées à gauche ou à droite.
Bien sûr, toute comparaison n’est pas politiquement correcte. Mais tout de même, soyons vigilants. A chaque instant. Analysons le discours et plus encore, le non-dit..
Je sais bien que chacun voudrait trouver l’idéal dans le candidat que le vote individuel permet de désigner. Il y a tant d’attente et de désir d’absolu. Malheureusement, il faut revenir à notre condition humaine, « ô trop plus qu’humaine », disait F. Villon en son temps dans sa célèbre ballade des dames du temps jadis: « dites-moi, où n’en quel pays? »…et choisir malgré ses imperfections humaines, le discours qui offre le plus de garantie à la non- manipulation.
Peut-être un jour pourrons-nous travailler à cette étude précise. Certains déjà l’ont fait. Il faudra y revenir.
En attendant, soyons vigilants. Nous vivons un moment particulier, de ces moments qui s’inscrivent dans l’histoire.
Et c’est bien pour cela que je suis sortie de ce si tentant « silence de la mer ».
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» Cela se situe au delà des convictions orientées à gauche ou à droite »
Voilà où mon discours prend racine ainsi qu’il est le but, peut-être utopique que des opinions opposées puissent s’exprimer sans que l’une ou l’autre partie ne se sente dévalorisée par le choix qu’elle a fait.
Le bien n’est pas d’un côté et le mal de l’autre, il faut croire en la démocratie et comparer notre époque à une époque qui a fait tant de malheurs est excessif. J’ai moi aussi bien analysé les deux projets qui nous sont présentés et je refuse de considérer que l’un serait plus dangereux que l’autre sauf à tomber dans la facilité.
Je ne veux pas tomber dans cette facilité et c’est la raison pour laquelle, je ne réponds que par ce discours mesuré auquel on m’oppose toujours des cas particuliers qui demandent à être approfondît.
C’est cela qui me donne une certaine fragibilité car il me serait beaucoup plus facile de répondre au risque de créer des polémiques stériles
Bonne journée
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« L’analyse est un outil pour tout sujet et se pratique partout. Si c’est un sujet que je ne connais point, alors même je l’essaye, sondant le gué de loin, le trouvant trop profond pour ma taille, je me tiens à la rive ; Tantôt je choisis un sujet vain ou vide, j’essaye alors de voir s’il se trouvera de lui donner corps et de quoi le développer. Tantôt je me promène vers un sujet noble et maintes fois traité. Là, il faut alors trouver la route la meilleure et la mieux tracée par autrui […] Semant ici un mot, ici un autre, en variant quand il me plaît ; et me rendre au doute, à l’incertitude, et à ma forme maîtresse : l’ignorance. »
Montaigne (1533-1592) – Essais, Livre I, Chapitre L
Simple leçon d’humilité et de méthode pour appréhender le monde, les choix nécessaires…si loin du manichéisme, d’une pensée formatée qui souvent s’ignore comme telle, et bien sûr…des polémiques stériles que pour ma part, j’interromps là.
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Parce que j’ai bien aimé ces mots, je vous indique le lien :
http://calipso.over-blog.net/article-10300630.html
Françoise Guérin anime aussi un blog que vous connaissez peut-être :
http://motcomptedouble.blog.lemonde.fr/
Décidément, je « lien » à tout va !
Kiki
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