Le grand Soljenitsyne est mort. La nuit dernière. En voilà une figure dérangeante! Une oeuvre fascinante! Qu’on se souvienne d’ « Une journée d’Ivan Denissovitch ». Ce témoignage d’une rigueur et concision bouleversantes. Qu’on se rappelle « Le pavillon des cancéreux ». La plongée dans cet univers glacé. La dénonciation de tout un système. Une voix qui ose parler alors qu’à l’extérieur on croit toujours aux lendemains qui chantent…
Et puis l’exil. Les campagnes de diffamation. Soljenitsyne à la solde de l’Occident? Possible puisque le monde est manichéen. Ce qui dérange plus encore, c’est ce curieux rapprochement avec P. De Villiers . On se prend à douter.
Pourquoi les héros, y compris ceux de notre musée littéraire, sont-ils si vulnérables?
Mais on a tort. Il ne faut pas douter du génie littéraire de cet homme-là, qui fut notre contemporain. De son trop plein de vécu rendu presque illisible tant est complexe la complexité de ce monde qu’il parcourt avec ses contradictions flagrantes. A la manière de Dostoïevsky. Certains critiques le rapprochent de Tolstoï. Je lui trouve, pour ma part, une plus grande proximité d’écriture avec Dostoïevsky. Même tissage de fils croisés conduisant longuement au coeur de l’intrigue, même souci du détail, ambiguité et méandres des réflexions métaphysiques…
Mais, au fait, avant de juger les chroniques narrant tout et son contraire à propos de ce géant quittant la scène où nous évoluons encore, l’avez-vous lu?
Un géant littéraire et un nain politique…
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Opinion bien péremptoire!
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Je le reconnais. Mais son côté archéo-réactionnaire partisan de la Grande Russie, souhaitant le retour de la religion, … m’a toujours un peu énervé…
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Certes. Mais l’avez-vous lu et avez vous écouté ses interviews?
Il y a eu autour de lui, une telle récupération de tous bords, qu’il faut vraiment se garder de ne savoir de lui que ce qu’on en dit. Bref, il faut le lire et l’écouter.
On est très loin alors des raccourcis politiques amenant des jugements à l’emporte pièce, même s’il n’est effectivement pas nécessaire d’abonder sur tous les plans.
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Oui, quand j’ai entendu cette annonce à la radio, je n’ai pu que hocher la tête en me disant « ah, il est mort ». Il y avait là une pointe de regret car je ne ^peux m’empêcher de songer que la mort d’un grand écrivain est toujours une perte irremplaçable, même si ses oeuvres restent, même si nous devons bien sur tous mourir.
jJai lu une journée d’Ivan Denisovitch quand j’avais 16 ans et je ne crois pas en avoir oublié grand chose tant l’écriture est forte.
Le plus étrange, c’est que je suis en train de lire le Carnet d’Or, de Doris Lessing, dans lequel il est beaucoup question des relations de la gauche occidentale (anglaise en fait) avec le communisme russe. Ce n’est pas que cela , non, mais cette dimension est indiscutablement présente.
La figure de Soljénitsyne est donc là encore, plus forte encore à travers la distance qu’impose la mort.
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Je l’ai lu ce qui me permet de dire que c’était un très grand écrivain. Et je l’ai écouté aussi, du moins à une époque quand il venait de s’installer aux USA. Il avait peut-être évolué depuis mais je ne l’ai plus suivi.
Mais, comme vous le dites, ce n’est qu’une opinion..
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Faut-il juger l’oeuvre d’un écrivain uniquement à l’aune de certaines de ses déclarations politiques, le plus souvent rapportées de façon tronquée, et finalement récupérées par l’un ou l’autre camp ?
Il y a t-il encore beaucoup d’observateurs qui jugent l’oeuvre de Tolstoï ou de Dostoïevsky en fonction de leurs options politiques ?
Quelle que soit l’utilisation politique de son oeuvre, Soljenitsyne est une immense auteur, au delà du fait qu’il a fait découvrir le goulag à une partie de l’opinion occidentale. Il a su évoquer, et de quelle manière, certaines abîmes de l’être humain…
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La Haine de l’Amour
Tu sais, si seulement les gens comprenaient que c’est dans le lit de nos préjugés que la haine fornique avec nos vieux démons. C’est dans les ténèbres de nos envies que la volonté de dominer fait de nos passions un poison pour l’humanité. Regarde ces sourires hypocrites et mesquins, admire ces doubles faces qui compatissent pour ta condition de réfugié. Ta souffrance et ta misère fais d’eux les justiciers des temps modernes. Vois ces plumitifs qui se nourrissent de ta douleur viscérale pour accoucher d’une littérature opportuniste.
Je veux parler d’amour alors que tout m’incite à la guerre et à la violence. Ils attisent les braises de l’enfer terrestre alors qu’ils oublient qu’ils sont sur le même bateau. Ils ne comprennent pas que c’est dans la prière que je m’apaise et que je tente de domestiquer les fougues de mes passions égoïstes. Ils ne peuvent saisir le sens de mes intentions car ils sont trop orgueilleux pour écouter la voix de cet étranger de l’agora. Ecoutes mes vagissements dénonçant la marche du siècle, c’est par la verve de ma plume que je décide de témoigner contre les supputations de ces corrompus qui ont vendu leur âme au diable pour une jouissance éphémère. Leur dévouement pour ma cause est à la hauteur de leur statistique de vente dans les maisons d’éditions. C’est comme si ils tiraient leur existence de ma condition d’opprimé dans les abîmes de la barbarie humaine. On édifie les mures de la honte sans que cela n’ébranle les amoureux de la liberté et de la justice. Ont-ils tous choisi le camp de mes bourreaux malgré ses injustices limpides ? N’y a-t-il plus de martyre de la liberté, des Che Guevara contre l’impérialisme et les tyrannies despotiques,…
Entends ces échos de détresse arrivant par flot ininterrompu qui se fracassent contre ces rochers de l’indifférence. Que ces inhumains sachent que si ils ont le présent pour eux, nous avons le futur pour nous. Qu’ils prennent consciences que les brumes matinales finissent toujours par se dissiper pour laisser place à la clairvoyance vespérale de l’esprit. Sache que la raison finie toujours par dominer les émotions nées de ces instants enflammés par ces pyromanes qui prisent les passions à fleur de peau. Quelle tristesse que de voir ces héritiers des Lumières se comporter en de simples illuminés assoiffés de notoriété et en quête de médiatisation.
C’est dans les épreuves et les tourments de ma vie que j’ai forgé ma quintessence si singulière. Tout est fait pour me distraire de ces tragédies théâtrales où la dignité humaine se mesure à géométrie variable. Où les faibles sont exploités et exécutés sur les autels de l’indifférence et de l’amnésie collective. Ces ignorants de l’âme humaine oublient qu’il y a une limite à ne pas franchir si l’on ne veut pas que l’instinct primaire engendre le chaos. Si seulement ces béotiens altiers pouvaient goûter et apprécier le nectar nourricier qui découle de la composition florale des esprits et de l’étreinte des cœurs ouverts. C’est là que nous pourrions commencer à espérer d’un avenir meilleur. N’ont-ils rien d’autre à proposer que l’étendage de leur souffle puéril et immonde à la hauteur de leur bassesse intellectuelle. C’est dans la pénombre que ces âmes avides de confrontation et de sang, que ces débauchés, se font primer pour leur excès de déblatération vis-à-vis du sacrée.
Chaque jour est un calvaire pour celui qui se force de croire en la bonté de l’homme tant les dérives individuelles et collectives forment des chaînes de montage abrupte et hostile. Ils ont fait de ma couleur une souillure, de mes origines une blessure et de ma religion une bombe à retardement. Ils cherchent à nous acculer dans nos retranchements par leurs invectives nauséabondes. Ils oublient seulement que ma couleur leur permet de s’identifier, que mes origines les renvois à leur propre identité et que ma religion les interpelle sur leur propre croyance et que pardessus tout elle n’est que paix, amour et tolérance. Pauvre d’esprit celui qui refuse de me voir comme la thèse ou l’antithèse du reflet de sa propre existence dans le miroir de la vie.
N’est il pas temps que les hommes comprennent que les fleuves de sangs n’ont jamais nourri et grandi l’humanité. Pourquoi tant de haine alors que l’on est en déficit d’amour et de paix. Pourquoi semer le vent de la discorde et exciter les passions aveugles dont nulle ne sait contenir la sauvagerie qui peut en découler. Les jarres de l’amour sont telles vides de sens, les oasis de la bonté et de la générosité ne sont elles que des mirages dans l’esprit de ces intellectuelles cupides et obsédés par la précellence de leur ego.
La raison et le cœur ne feront qu’un lorsque la sincérité de nos actes feront corps avec la sincérité de nos âmes, alors nous arriverons peut-être à comprendre le verset d’Allah stipulant : « je ne change l’état d’un peuple que si ce dernier change ce qu’il a en lui-même… » .Où sont les hommes doués de lucidité et de pragmatisme qui savent défendre la justice malgré leur appartenance politique, ethnique, religieuse ou sociale.
R.A
http://laparoledujeunemusulman.blogspot.com/
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Je trouve votre écriture forte et belle. Parfois contradictoire. Mais c’est une écriture de colère et c’est vrai qu’il y a souvent de quoi être indigné par notre environnement. Espérons que l’intelligence jointe à l’esprit d’apaisement et de respect sans condescendance de l’interlocuteur quel qu’il soit finiront par triompher!!
Mais placer votre article qui est long à la place d’un commentaire fait que le lecteur « zappe » et ne lit pas. Il vaudrait mieux écrire quelques mots en relation avec le billet sur lequel vous apportez votre commentaire. Votre signature, de toute façon renvoie les lecteurs de passage à votre article. A lui alors de se forger sa propre opinion en visitant votre site.
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Je repense au temps des Samizdats, et des photocopies, qu’il faudrait comparer à notre temps présent, celui du Oueb.
Plus que le rapport Kroutchev, les romans de Soljenistyne ont marqué mes illusions communistes.
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