Lettres africaines (3): le bogolan, l’étoffe millénaire ou s’écrit l’histoire de l’univers

Mercredi 21 mai.

Village artisanal de Ouagadougou.

40° à l’ombre. Les toiles de coton du bogolan (bandes larges de quelques centimètres, longues de plusieurs mètres, cousues entre elles pour former un panneau) trempent dans une infusion verdâtre de feuilles de n’galama. D’autres sont étendues en plein soleil afin que ses rayons tranforment leur couleur indécise en jaune.

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L’artiste Rison, d’origine malienne, penché sur une tenture presque achevée, époussette les contours blancs des dessins qu’il y a apposés. Les dessins qu’il a cernés de blanc sont noirs. D’un beau noir intense, obtenus grâce à une terre argileuse déposée au pinceau. Le motif alors est d’un gris terne. Mais une fois séché, puis lavé et à nouveau séché, il devient ce noir profond, indélébile.

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Quand Rison dessine ses motifs sur la tenture qui ornera nos murs, l’artiste nous offre un peu de son savoir d’initié. Car il vient du pays dogon . Mais juste un peu. Il y a nombre de secrets qui ne se dévoilent pas. La profondeur de l’histoire du monde. La géométrie de l’univers. L’union de l’homme et de la femme. Leurs places dans cet univers. Leur descendance…Nous, peut-être sur ce chemin qui donne sens à nos vies?

De ses quatre baguettes de paille, Rison fait voler la poussière blanche qui limite les graphismes symboliques. Autant en emporte le vent. Et de me raconter la grande aventure des hommes, et, en particulier, celle de cet homme africain qui, le premier, a posé le pied dans l’histoire…N’en déplaise à un certain discours prononcé récemment à Dakar!

 

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Photo 3: l’artiste époussetant l’enduit blanc enserrant ses graphismes.

 

Photo 1 et 2 empruntées à un très beau site (en anglais) dont je suis en train de rechercher la référence.

 

3 commentaires sur “Lettres africaines (3): le bogolan, l’étoffe millénaire ou s’écrit l’histoire de l’univers

  1. Et pus il y auss le bogolan qui se porte en foulard et qui vécut une histoire de perte et de retrouvailles sur les épaules de ma compagne. Il vient de là bas lui aussi, il est orné d’éclairs et de ses belles couleurs de l’Afrique que l’on voit sur vos photos. Le soir de sa perte un éclair sans orage zèbra le ciel de la vallée. Le lendemain il était retrouvé.

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  2.  » N’en déplaise à un certain discours prononcé récemment à Dakar!  »

    Oui, Chantal… Merci à vous rappeler ça… Ledit discours, au passage, curieusement absent des archives du site officiel de la présidence de la République…

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  3. A une époque ou j’enseignais, j’ai eu une élève de BTS qui devait présenter un dossier d’art appliqué.
    Elle avait choisi de parler du bogolan et d’axer tout son travail là-dessus, et je me souviens de longues heures passées à discuter avec elle pour réussir à présenter correctement et cet art complexe et sa réalisation personnelle inspirée.
    C’était très intéressant car elle avait une grande finesse d’analyse.
    Aujourd’hui, qu’est-elle devenue ? surement pas une experte en évaluation de l’afrique…

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