Jean-Claude Carrière, « Le cercle des menteurs » et le trésor des histoires.

Strasbourg. Vendredi 28 mars.

Salle blanche de la Librairie Kléber. 17h30.

collines.1206970316.jpg

C’est l’histoire d’un homme riche et d’un homme pauvre au pied d’une colline.

L’homme riche emmène son fils sur la colline. Arrivé au sommet, il étend le bras, et, désignant le paysage, dit:

– Regarde, tout cela t’appartiendra.

L’homme pauvre emmène également son fils sur la colline. Arrivé au sommet, il étend le bras, et, désignant le paysage, dit:

– Regarde.

C’est tout. L’histoire s’arrête là. Silence.

Et vous? Vous appropriez-vous le paysage? L’emportez-vous avec vous en le photographiant? Est-il à vendre et l’achèterez-vous? Ou vous sentez-vous contemplatif, méditatif, devant son étendue?

L’avoir et l’être…

Je rapporte cette histoire avec mes propres mots. Racontée en ouverture à la discussion du jour, par le savant et non moins malicieux Guy Chouraqui , elle est extraite du recueil « Le cercle des menteurs » dont Jean-Claude Carrière vient de publier le tome 2 .

cercle-des-menteurs.1206970925.jpgconte-philo.1206971125.gif

Jean-Claude Carrière, qui est aussi l’historien et le romancier de « La controverse de Valladolid » , le scénariste de « Belle de jour » (six films réalisés avec Bunuel), du « Tambour » de Schlöndorff, de « Valmont » avec Milos Forman, etc.. Jean-Claude Carrière aime, comme on le voit, l’écriture sous toutes ses formes.

Les histoires qu’il nous donne à lire dans ce qu’il appelle des « Contes philosophiques du monde entier » (chez Plon) , sont le plus souvent transmises oralement et parvenues jusqu’à nous, traversant les frontières et le temps, parfois aussi vieilles que l’humanité. Elles prennent la forme de ces histoires drôles qu’on raconte à la fin d’un repas entre amis. On n’y prend à peine garde et pourtant…

Mais écoutons l’auteur à travers un passage emprunté à sa préface: « Beaucoup de nos amis et nous-mêmes sans doute, commencent par dire: « Il est arrivé une chose extraordinaire à mon oncle, ou à telle personne que je connais. » Et ils racontent alors, en un mensonge étrangement sincère, une histoire vieille de plusieurs siècles, dont on ne peut pas dire qui l’a vécue, ni qui l’a inventée. »

« C’est l’histoire d’une dame, rappporte encore le présentateur, Guy Chouraqui, qui nous fait part de l’un ou l’autre de ces contes, glané dans le florilège de Jean-Claude Carrière,

C’est l’histoire d’une dame assise sur un banc avec un chien à côté d’elle.

Un homme passe. Il regarde la scène et dit à la dame:

-Est-ce que votre chien est gentil?

-Oui. tout à fait. Mon chien est très gentil.

chien.1206974065.jpg

L’homme s’approche alors, caresse le chien qui lui mord la main.

– Mais, s’indigne-t-il, vous m’aviez dit que votre chien était gentil! Et il m’ a mordu!

-Certainement. Je confirme. Mon chien est très gentil. Mais celui-ci, c’est le chien de ma soeur.

Voilà qui incite à la précision linguistique. De qui parle-ton? Possessif et démonstratif ne font pas bon ménage, semble-t-il. Ce chien n’est pas « mon » chien etc…

Bref, les histoires qui jallonnent notre vie sont autant « de pièces de monnaie qu’on se passe de l’un à l’autre et qui à la fin forment un trésor. »

S’il vous plaît, alors, passez la monnaie, entrez dans le cercle des menteurs de tous les âges, participez à la quête, racontez vos histoires, afin que nous continuions à nous enrichir chaque jour un peu plus , tous ensemble.

tresor.1206974270.jpg

5 commentaires sur “Jean-Claude Carrière, « Le cercle des menteurs » et le trésor des histoires.

  1. L’histoire de l’homme riche et de l’homme pauvre est tout simplement extraordinaire. Merci.
    Pour ce qui est de la photographie, avec la récente vogue du numérique la plupart des gens appuient sur le bouton sans avoir vraiment regardé, puis se précipitent, parfois à plusieurs, sur l’écran minuscule pour contempler le travail. Alors ils s’en vont en se disant que c’était beau. Enfin l’image finira avec des milliers d’autres dans le secret du disque dur, sans grand espoir d’évasion, comme les écus dans la cassette d’Harpagon.

    J’aime

  2. Bonjour monsieur,

    J’ai eu l’occasion de lire de larges extraits de votre fabuleux livre en vacances, je vais acheter celui-ci car on ne peut s’en passer ! merci pour ces histoires et le bon moment que je prends à les lire.

    Merci, Cécile

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s