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« Tout le bien du monde est à nous,
Tous les honneurs, toutes les femmes.
Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;
Je m’écarte, je vais détrôner le Sophi ;
On m’élit roi, mon peuple m’aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant. »
Vous avez bien sûr reconnu la fable et sa morale.
Mais qui est donc ce gros Jean ?
Je ne sais pourquoi, quant à moi, la petite ritournelle de ces vers me trotte dans la tête depuis un certain temps. Se pourrait-il que notre patrimoine littéraire nous offre toujours l’espoir d’une logique cyclique, celle des retournements de situation obligatoires lorsque les événements sont par trop insolemment ammoraux, je n’oserais dire la foi du charbonnier en une justice immanente punissant les marchands d’illusions? Ou bien, incorrigibles que nous sommes, est-ce nous, et pour l’éternité, ce gros Jean berné par son désir qu’il prend pour la réalité?
Bonne année à tous quand même….
Chantal est revenue !!!
Champagne !
Hips !
RV, qui a du (petit) Jean dans son patronyme…
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merci pour l’accueil, RV. Sympa d’avoir pensé à apporter le champagne!
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Les Frères Jacques
Gros Jean comme devant
(Paroles: Francis Blanche. Musique: Henri Leca, Pierre Philippe)
En dix-neuf cent
Naquit un jour un enfant
Que ses parents
Ont eu l’idée d’app’ler Jean
Et le p’tit Jean
Tomba parmi ces braves gens
Comme un présent
Qu’on attend
Depuis longtemps
M’dame Gros sa mère,
Lui lave ses chaussons
M’sieur Gros son père,
Lui chante des chansons
Dix-neuf cent un
C’est encore un p’tit bambin
Dix-neuf cent trois
Mais c’est déjà un gros gars
Dix-neuf cent quatre
Quand papa vient de le battre
Il va trouver maman
Et revient Gros Jean comme devant.
Jolies années de ma jeunesse
Doux oreillers pleins de tendresse
Où je m’endormais en riant
Petites joies d’enfant.
Dix-neuf cent six
Papa va mettre son fils
Ah ! Quel supplice
Au collège de Saint Sulpice
Dix-neuf cent huit
De la main du père jésuite
Une note écrite :
« Renvoyé pour sa conduite »
Tant mieux dit le père
C’est peut-être un vaurien
Mais chez les Frères
Mon gosse n’apprenait rien
Dix-neuf cent neuf,
École et tablier neuf
Dix-neuf cent dix
Rosa rosam rosae rosis
Apprends, apprends
Tes dates, tes départements
Mais dans quinze ou vingt ans
Tu seras Gros Jean comme devant
Jolies années de ma jeunesse
Charmants jeudis pleins de promesses
Pleins de gâteaux et de joujoux
Que l’on payait un sou
Dix-neuf cent onze
Papa l’emmène au Caf’ conc’
Dix-neuf cent douze
Il y va tout seul en douce
Dix-neuf cent treize
Il apprend La Marseillaise
Juillet quatorze
Il la chante en bombant l’torse.
Mais la vraie Guerre
Va commencer pour toi
Quand meurt ton père
Quelque part en Artois
Juillet dix-sept
Va s’engager en cachette
Janvier dix-huit
Décoré pour sa conduite
Et finalement
C’est le retour triomphant
Avec un p’tit ruban
Et toujours Gros Jean comme devant
Jolies années de l’après-guerre
Et toi Paris ma ville lumière
Quartier latin et Luxembourg
Jolies années d’amour
Dix-neuf cent vingt
Amoureux d’un p’tit mannequin
Janvier vingt-deux
Ils sont vraiment très heureux
Juillet vingt-trois
Je n’peux pas vivre sans toi
Mais à Noël
Il épouse la fille Morel
Et le beau-père
Très belle situation
Dans les affaires
Lui fait sa position
Dix-neuf cent trente
La politique le hante
Trente-deux trente-trois
Ce qu’il nous faut c’est un roi
En mai trente-six
Il a voté socialiste
Et pourtant dans trois ans
Il sera gros Jean comme devant
Repartira pour la dernière
Car elle est là la drôle de guerre
Fallait en finir une bonne fois
Mais sûrement pas comme çà
Quarante et un
Heureusement qu’on a Pétain
Quarante-deux
Dommage qu’il soit tellement vieux
Quarante-trois
Débarquement j’y crois pas
Quarante-quatre
Si j’descendais pour me battre
Oh joie suprême
Se sentir libre enfin
Comme on les aime
Ces braves américains
Cinquante et un
Au fond tout ça n’change rien
Deux, quatre, six, huit
Si tu veux savoir la suite
Attends, attends
Et fais comme tous ces braves gens
Qui donnent leur argent
Et qui sont Gros Jean comme devant
Petites vies grandes détresses
Siècle de joies et de tristesse
Vous êtes nés en même temps
C’était en mil neuf cent
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Bonjour Chantal et bon retour avec ce questionnement dans le monde des blogs.
Gros marque l’intensité, sans aucun doute.
Jean, prénom particulièrement usité, a pris dans certains cas, le sens de niais. De là à marquer une partie de l’humanité au sceau de la bêtise, je veux bien… Mais à part cela, chacun ira son chemin de fantaisie…
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C’est sûr, cher Jeandler, prenons chacun nos quartiers de fantaisie…Bien jolie formule et programme que vous nous proposez là.
Quelle bonne trouvaille aussi cette chanson des Frêres Jacques qui réactualise l’humour du Grand (je n’ai pas dit « gros ») Francis Blanche… »Signé Furax »…cela vous rappelle quelque chose?
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Ne trouve-t-on pas, dans le Quart Livre de Pantagruel, de Rabelais, un frère Jan, un peu naïf sinon niais, qui pourrait fort bien faire notre affaire?
Peu lui chaut ce qui advient, il reste ce qu’il est, comme avant. Indécrottable.
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Signé Furax, cela date des années 50 (du siècle dernier!). Co-signé avec Pierre Dac. Y avait-il parmi tous les personnages, un gros-jean? je ne me souviens plus.
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Bravo Chantal .. deja au travail, pourtant a peine installee…
C est votre roi president qui t inspire ?
Bonne annee 2008 a tous!
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Elisabeth, je crois bien que tu brûles…
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Voudrais-tu sous-entendre que sous prétexte d’aller de l’avant, on reste comme avant, en place ?
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Bien sûr que non. Au contraire, allons de l’avant. Créons, écrivons, avançons dans nos démarches…
Je ne sous-entends vraiment rien. Par contre, j’entends clairement le rapport à nos propres manipulations mentales dont nous aimons tant nous bercer, quitte à nous retrouver bernés, c’est-à-dire conformes à notre sottise initiale.
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Ah, Chantal, je suis rassuré et vais pouvoir envisager une nuit belle.
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