Ecrivaine ou écrivain ? La métaphore filée de la papillote

Dernière ligne droite avant les cadeaux. Ceux que l’on offre, ceux qui nous seront offerts. On en revient aux papillotes. L’emballage brillant, la forme, le poids, le volume…Tout le monde est très occupé. Que ferez-vous pour Noël, à Auckland, à Singapour, à Chengdu, à Strasbourg, à Lons, à Vienne, à Pavarollo, à Turin, à Sydney, à Bourg-en-Bresse, à Antananarivo ou Toamasina, à Basse-Terre, à Montceau-les-Mines, à Copenhague, à Niamey ?

Etes-vous en train de préparer quelques mots à envelopper précieusement? Ces fameux mots ! Ceux que l’on offre et ceux qui nous sont offerts, ceux qui nous arrivent aussi sans qu’on les ait mandés ! C’est bien cela : Ceux que l’on aime et ceux que l’on n’aime pas.

J’en reviens donc à la réaction de Claude qui trouve les mots « écrivaine » et « poétesse », affreux. On peut bien comprendre son sentiment. A fréquenter ces mots aujourd’hui, on sent tout-à-fait l’effort du suffixe. Dieu que la rime sonne mal avec ce « esse » final qui suinte à travers les incisives et s’en va coquiner avec fesse, diablesse, traîtresse, et j’en passe. Certes il y aurait bien aussi finesse, caresse, tendresse. Qu’importe ! Poète ne pouvait-il suffire à évoquer le statut, l’activité, de celui, je veux dire de celle qui écrit de la poésie ?

Quant à écrivaine, filant la laine au coin du feu, « direz chantant mes vers en vous émerveillant »….Sylvaine, Yolaine, prénoms surannés et doux des châtelaines…Charme des évocations lointaines, souveraines en poulaines, (plus jolies qu’en charentaises). « Hennins aux rubans de soie et fleur du joli tambour »…chantait Jacques Douai. Moyen Age délicieux réinventé pour faire rêver dans les chaumières.

La féminisation du mot écrivain conduit-elle ainsi à son édulcoration?

D’aucuns , d’aucunes assureront qu’il s’agit enfin d’une reconnaissance. Probablement.

Vous avez dit reconnaissance ou condescendance ?

Mais brisons là.

J’avoue, pour ma part , laisser aux mots leur libre arbitre dans leur devenir.

Lorsque j’étais enfant, je voulais être écrivain. On ne parlait pas d’écrivaine. Je continue à me décliner écrivain.

Peut-être que la pratique du recul linguistique permet tout simplement de regarder ou d’écouter vivre les mots, car, comme le dit si bien Henriette Walter « Le français dans tous les sens », « le linguiste écoute plus qu’il ne s’exprime », du moins sur ce sujet de passion que constitue la langue.

http://perso.orange.fr/mondalire/Henriette_walter.htm

Voir également à ce sujet le « blog des correcteurs du Monde »: « Langue sauce piquante ». 113 commentaires pour débattre de la féminisation des mots !!!

Bien fol qui prétendrait à l’heure actuelle affirmer que la gent féminine se réclamant de l’écriture s’appellera écrivaine pour les siècles à venir. C’est une histoire à suivre au jour le jour, d’épisode en épisode, de réactions en réactions, de décisions en décisions…Y aura-t-il un point final ?

2 commentaires sur “Ecrivaine ou écrivain ? La métaphore filée de la papillote

  1. Je trouve aussi la féminisation de certains mots inutiles. Le mot »écrivaine » me révolte déjà par sa consonance. On trouve « vaine » en fin de mot, ce qui enlève
    toute valeur au terme. Qui donc a commencé à utiliser la féminisation des mots?

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