La solution: Hans Fallada dans « Seul à Berlin »

Un peu difficile, l’énigme, cette semaine! Et pourtant, notre amie Christine, de Pagesà pages, en a triomphé. Bravo!

C’est Primo Lévi qui disait de « Seul à Berlin » qu’il était pour lui « le plus beau roman sur la résistance allemande antinazie »… Il s’agit bien de la résistance, désespérée, menée en Allemagne au plus sombre des années noires.

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L’ouvrage de Fallada s’ouvre sur la célébration festive à Berlin de la capitulation française en mai 40. Comme un étrange miroir à « Suite française« , l’oeuvre posthume d‘Irène Nemirowsky qui présente, elle , à travers un enchaînement de tableaux, l’accablement et le désarroi des Français de la débâcle à l’annonce de la défaite.

« Hans Fallada, pseudonyme de Rudolf Ditzen (1893-1947), exerça une multitude de métiers – gardien de nuit, exploitant agricole, agent de publicité – avant de devenir reporter puis romancier. Ecrivain réaliste populaire, il dressa un tableau très fidèle de la société allemande entre les deux guerres, et termina en 1947 par Seul dans Berlin, son chef-d’euvre.  » –Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.

Fallada est  ainsi témoin de l’intérieur. Il voit, comprend, décrypte la montée du nazisme dans la société qui est la sienne. Il décrit minutieusement l’engrenage des comportements. Les gestes de la vie quotidienne. La  contagion de la corruption mentale. La souffrance. L’immense souffrance d’une population atteinte de paranoïa justifiée.

Hans Fallada se moque bien de l’art pour l’art. Son écriture est neutre, à la limite de la fadeur. Jamais d’effets. Le style n’existe pas. Seuls comptent les mots collés à la surface des gestes, des attitudes, des émotions trahies par la mobilité du visage, du regard. Personnages pâles ou névrosés. Il n’y a pas de héros. Juste un homme qu’on ne remarque pas, un juste, sous son habit d’employé modèle, qui défie le leader fou. Et toute la machine s’emballe.

Cet ouvrage, peu connu du grand public, met en lumière l’importance du décryptage par l’infime des pathologies de nos sociétés. Bien sûr, la lucidité n’est pas une garantie  de guérison. Un autre livre de Fallada s’intitule « Quoi de neuf, petit homme? »… Oui, après décryptage, que fait-on?

 

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Belle revue de littérature allemande

7 commentaires sur “La solution: Hans Fallada dans « Seul à Berlin »

  1. Bon, c’est pas le tout d’avoir trouvé (avec l’atout de la chance réservée aux benêts 🙂 ), maintenant, il faudrait que je le lise. Edition épuisée ou non disponible : il faut se le procurer dans une bouquinerie alors ?

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  2. Pas du tout. En livre de poche comme on peut le voir et pour le « Quoi de neuf, petit homme? », même chose.
    Allons, allons, quelle idée de trouver et d’y voir la chance réservée aux bénêts!
    Lorsque je vivais en Lorraine, il y avait un proverbe qui était le suivant: « Faire l’âne pour avoir du son! »
    Joli, non?
    Amitiés, Christine, ni âne, ni bénette, mais bien au coeur des pages qui renvoient à ceux qui les écrivent.

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  3. friedrich sieburg (…) hans fallada et ernst jünger :  » médiateurs de la littérature du Troisième Reich en France occupée » : voir  » La littérature de la défaite et de la collaboration » par Gérard Loiseaux, Fayard, 1995, p 104 : Fallada ne devait pas trop aimer les deux autres quand même !

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  4. Bon,
    j’ai maintenant lu « Seul dans Berlin ». Et dimanche soir j’ai vu « les justes » de Marek Halter ( je pensais d’abord qu’il s’agissait d’un documentaire sur la pièce de Camus qui passait au même moment sur France Culture).
    Il apparaît donc que la réalité s’est révélée quand même moins désespérante que dans le livre où la pauvre Anna Quangel qui a donné refuge à la vieille juive Rosenthal était vouée à la mort certaine : à Berlin certains allemands ont effectivement protégé des juifs et ont survécu à l’enfer du régime hitlérien. Il n’empêche que ce livre est quand même étonnant, écrit par un écrivain allemand reconnu, bien sûr à la sortie de la guerre, mais probablement entamé et très certainement mûri au cours des derniers mois de celle-ci.
    On parle très peu de Hans Fallada. C’est immérité à mon sens.
    Je vais à présent lire « Gustave-de-fer » du même auteur ( Editions librairie de Belgique- Bruxelles – 1943) découvert à la librairie « L’oiseau-lyre » à Mons, spécialisée dans les livres rares

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