Imaginez un instant Nicolas Sarkozy lançant des injonctions en faveur d’une écriture précise et rigoureuse!
Oui, bien sûr, je vous entends. Il ne manquerait plus que cela! Déjà qu’il se mêle de tout. Alors pourquoi donc imaginer une telle incongruité?
Tout simplement parce que ces conseils sont issus tout droit de la préoccupation d’un chef d’état!!!! A l’époque où il les formulait ( le 27 février 1979), l’intention, en son pays, paraissait plus que naturelle. Bien plus! La voici aujourd’hui regrettée. Et reprise en manière d’anniversaire nostalgique, dans « The Straits Times », un des principaux quotidiens. ..de Singapour!
Car vous l’aviez deviné. Le chef d’état était Lee Kwan Yew .
En prenant l’avion du retour, la semaine dernière, je suis donc tombée sur cet article de deux pages. Interloquée. Mais ne vous méprenez pas. Il n’y pas d’ironie. Il s’agit d’un magnifique article sur la rigueur de l’écriture. Pas de considérations subjectives sur la langue, en l’occurence ici, l’anglais, mais une démonstration à l’aide d’exemples de ce que doit être un texte écrit.
Pour ce faire, Monsieur Lee Kwan Yew, rappelant ses années d’études, s’appuie sur le schéma de la communication.
Sans entrer dans les détails de l’argumentation, nous retiendrons son souci de vigilance à l’égard du message. « N’usez pas d’un langage codé prêtant à confusion. Ecrivez simplement de telle manière qu’un lecteur ne connaissant rien à votre sujet puisse le comprendre. A cette fin, évitez les ambiguïtés et donnez aux mots leurs sens ordinaires. »
On se trouve à mille lieux de l’art manipulatoire utilisé par nos grands prêtres actuels de la communication politique!
Mais revenons à l’écriture de nos blogs. Ces sages exhortations pourraient-elles lui convenir? La lecture quotidienne de nos articles favoris ne nous conduit-elle pas à ces billets souvent courts et précis, que l’oeil parcourt sans fatigue et dont la compréhension est immédiate? Comme si la rapidité du survol exigeait de plus en plus l’utilisation d’une écriture concise, vive et maîtrisée.
Tout un art, en somme, que la nouveauté de l’outil conduit à inventer…
Le blogue, un atelier d’écriture?
Pourquoi pas. Tout un chacun devrait en faire l’expérience! La langue y gagnerait sans aucun doute.
Qui sera le Malherbe des blogues?
Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber,
Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté,
Et de son tour heureux imitez la clarté.
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre,
Et, de vos vains discours prompt à se détacher,
Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d’un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d’écrire apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu’en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.
En vain vous me frappez d’un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme,
Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain
Nicolas Boileau, L’art poétique, chant I, v.131-162
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Le blog est aussi un espace de liberté, d’expression nous n’avons aucun compte à rendre (éditeur, patron,etc..;) sans contrainte économique et rendement demandé.
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Délicieux, ces billets sur l’écriture bloguesque (y en aura-t-il plus ?). Les rappels de Monsieur Lee Kwan Yew me renvoient aussi à l’écriture journalistique : ne pas simplifier tout en s’assurant que l’on reste compréhensible par tous…
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l’écriture bloguistique? Une seule règle: ne pas imposer de règles. S’il plaît à quelqu’un décrire un texte difficile, voire tortueux, qu’on a peine à lire… qu’il le fasse, oui qu’il le fasse (à condition que la syntaxe soit correcte bien sûr). Il faut laisser sa part de mystère à l’écriture.
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Vous avez bien raison. Le blogueur peut tout s’autoriser. C’est ce qui rend l’exercice si extraordinaire sans doute. Et j’irai même plus loin, pourquoi s’embarrasser de la syntaxe? Chacun peut tout oser. « Plonger au fond du gouffre pour trouver du nouveau… »
Ensuite, être lu ou ne pas être lu, en cela, peut-être, se résume toute la question
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Jacques Séguéla n’est qu’un entremetteur qui a masculinisé la fonction ancienne : représentant en pub comme d’autres l’étaient en aspirateurs, se vendant au plus offrant au mépris de toute conviction politique (de « La force tranquille » mitterrandienne à « Demain tout est possible » de son maître actuel), il a réussi à fourguer une chanteuse au président de la République comme si c’était un barril de lessive (avec « Ma came à moi » en cadeau Bonux).
Quel rapport avec l’écriture ? Ce monsieur se croit un as dans le maniement (ou la manipulation) des idées et donc de l’ordinateur qui va les coucher sur l’écran : en fait, il délègue à une armée de pseudo « créatifs » ses pauvres inventions destinées à éblouir ce qu’il doit considérer comme « la populace ».
Son sketch sur la Rolex, aggravé par une resucée encore plus lamentable dans la contrition, l’a définitivement accroché parmi les trophées que Flaubert aurait pu rajouter dans son « Dictionnaire des idées reçues ».
Faut-il encore lui faire de la promo, à Séguéla ? Oui, car la pub con (pléonasme ?) tue ceux qui la font – surtout si leur mère les croit pianistes dans un bordel – on vient d’en avoir la preuve sonnante et définitivement trébuchante.
Ne pas confondre pub et plume : sinon on finit par s’enfiler la deuxième en guise de « signature », comme notre pubard bronzé vient d’en faire la démonstration, en attendant sa prochaine prestation sur la scène du Casino de Paris !
Les blogs sont intéressants quand ils sont l’expression d’une vision personnelle : les blogueurs peuvent donc tout se permettre, je suis d’accord avec Alain, dans les limites de ce qu’ils connaissent de l’espace de liberté qui leur est allouée.
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Court, je suis.
Codé, je resterai !
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« Que d’autres se targuent des pages qu’ils ont écrites;moi,je suis fier de celles que j’ai lues » JL.Borges
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Superbe citation, superbe référence. Merci Totem.
Je partage totalement ce point de vue.
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Très intéressant , merci à tous
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