Ecrire un blog: 1- Les coulisses de l’exploit…

Aujourd’hui, plus besoin de plume, ni d’encre, ni de parchemin. Pas même du briquet de la voisine pour allumer la chandelle afin de pouvoir poser les mots choisis là où il faut…

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Pour écrire au quotidien les gammes d’un blog, il faut naturellement…un clavier! Ces nouveaux outils nécessaires à l’écriture font désormais partie des objets familiers. Si familiers qu’on en vient à s’étonner de ne pas en trouver à portée de main lorsqu’on voyage: à côté des lampes de chevet, par exemple, ou des écrans de télévision présents jusque dans les pensions les plus modestes.

C’est ainsi. Les cyber cafés sont en voie de disparition dans certains pays. A Singapour, grâce au réseau gratuit de connexion sans fil (wifi), tout le monde se sert de son propre ordinateur portable. Je veux parler du dernier né parmi les outils connectés de poche, à peine plus grand qu’une enveloppe. Si vous avez ignoré cette étape et vous baladez les mains dans les poches, sans le moindre clavier prêt à subir vos pages d’écriture programmées, libre à vous de fouiller les recoins des rues et des centres commerciaux géants. Au mieux, vous trouverez une copie de Starbucks  où trônent quelques ordinateurs vous permettant de lire vos mails à la vitesse d’une diligence grimpant les flancs du Mont Ventoux, au pire, vous vous résoudrez à fréquenter l’un des rares tripots où les jeux font fureur. Sans boules Quiès, mieux vaut rebrousser chemin!

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Dans d’autres pays, comme en Malaisie ou en Thailande, les cyber existent toujours. Backpackers obligent!  En effet, tout le monde ne possède pas encore le nouveau gadget prompt à naviguer en wifi à tous les carrefours. La bourse des jeunes voyageurs est plutôt réduite. Ainsi, s’installer pour écrire son article du jour semble délicieusement à portée de main. C’est sans compter les aléas des connexions défaillantes (à nouveau la diligence sur les flancs du Ventoux), les claviers boiteux, coincés, sales, collants, évidemment privés d’accents sauf à torturer longuement les commandes, l’environnement assourdissant, les remugles des évacuations des cuisines proches…et, bien entendu, le décalage horaire. Nécessité de programmer pour que l’article soit presque à l’heure. L’heure. La vraie, bien sûr! Celle des lecteurs et amis restés dans le cocon du fuseau originel.

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Mais, entre nous, dites-moi un peu ce qui peut nous pousser à de telles prouesses ?  Pas de salaire. Pas de prix à gagner. Pas de notes. Pas de maîtres à servir. Pas de clients à satisfaire. Pas de contrats. Pas de promesses. Pas de gloire. Rien. Absolument rien de tout cela.

Mais quoi alors?

A présent, telle celui-là qui fit un beau voyage, confortablement installée devant mon écran, je goûte le plaisir du silence et de la connexion facile, de mon clavier apprivoisé…Il reste les images. Celles qu’il est impossible de mettre en mots. Quelle que soit la plume empruntée…

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Et je me demande encore ce qui nous fait ainsi courir,  de mots en mots, de pages en pages, nous les blogueurs, sur ces chemins du monde…Qu’est-ce qui pousse Alain, à nous livrer, dans son magnifique Kiki Soso Largyalo , la chronique de ses voyages illustrés d’aquarelles, qu’est-ce qui permet la régularité des articles sur la Chine de « Quand la Chine déblogue » , la quête de Totem  à travers le temps et l’espace vécus, la librairie toujours ouverte  de Claudialucia, la chronique jamais interrompue de Dominique Hasselmann, ou la perception multisensorielle de Prisme, et les mots et images de tant d’autres, dont on parlera plus tard, inlassables voyageurs de la rue et du temps qu’ils arpentent, ou encore, infatigables explorateurs d’horizons?

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Une aquarelle d‘Alain Lecomte empruntée à son blog: Patagonie. Face à l’isla Rotonda

Mais vous connaissez peut-être le secret de ce désir d’écriture à partager, et avez certainement d’autres expériences/exploits sur le sujet à livrer. Alors, s’il vous plaît, prenez la plume, elle est à vous…

16 commentaires sur “Ecrire un blog: 1- Les coulisses de l’exploit…

  1. « J’édite, donc je suis » mes carnets intemporels en papier n’avaient pour lecteur que la poussière des étagères, le blog est un peu plus partagé….merci pour le lien.

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  2. Je découvre que j’ai été « pingbacké » de cette façon amicale : merci !

    En fait, je crois que la rédaction d’un blog est une sorte d’addiction – si l’on s’y tient régulièrement – ou peut-être de malédiction (au détriment d’autre écrit plus construit sur la longue durée et non au jour le jour), voire un phénomène de déréliction ?

    A quand une pyschanalyse des blogs (et des blogueurs) : non pas un « atelier d’écriture » mais un vaste divan collectif, avec un successeur de Lacan, même !

    Le jeu du jour est de trouver le sujet (souvent à la dernière minute, une photo, un article de presse, un nuage dans le ciel, une route qui poudroie, un poète qui verdoit…) : ensuite, tout se déroule, et puis c’est terminé, alors à demain !

    (Mais je n’ai pas encore l’ardoise magique des carrefours, celle dont vous parlez, dans ma poche…)

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  3. Le « lien », désir de reconnaissance inavoué ? Addiction profonde, oui, Dominique dit tout cela très bien. Analyse, travail, souhait de perfection.
    Cette activité « chronophage » devient rapidement indispensable, le feuilleton de la vie, caché derrière l’imaginaire, se déroule en toute impunité. Comprenne qui voudra…
    Merci pour ce rappel sympathique.

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  4. Viendra-t-il le temps (nous y sommes déjà, en partie) où l’on ne communiquera plus que par écran interposé … la voix réduite au silence, la langue inutile, l’oreille superflue, tout sens devenus obsolètes ?

    « Je blogue, donc j’existe ».
    Explorateur de soi, un espace de liberté (retrouvé?), de défoulement (Lacan et les autres). A tout vent semer sans but de récolter. Pour le plaisir. De son égo, peut-être en voie de recomposition.

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  5. argh, une seule réponse: le plaisir, celui d’écrire de temps à autre (pas forcément tous les jours) enfin une page qui ne soit pas inscrite dans le devoir professionnel, mais dans le goût magique de l’écriture. le blog est irremplaçable: il nous donne en plus de cette possibilité d’écrire, celle d’être lu (même si c’est par peu de gens, mais, réellement, qu’importe le nombre?), et presque immédiatement (pas d’éditeur, d’imprimeur, de délai entre le temps de l’écriture et celui de la lecture). Et puis il permet aussi de faire de chouettes rencontres quand on souhaite prolonger le contact virtuel par une rencontre réelle. Ceci dit, j’ai bien connu aussi l’ambiance des cyber-cafés du bout du monde, bruyants et envahis de gamins qui mitraillent ou qui vrombissent. On a certes intérêt à avoir son clavier avec soi!

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  6. Tous ces artistes de l’ecriture… c’est un peu intimidant ..
    Mais totalement addictif pour la lectrice que je suis .. j apprends beaucoup, je prends aussi un enorme plaisir a lire (entendre) tel bout de phrase qui dit si bien … merci a Chantal , grande chroniqueuse toujours a l’affut
    de ces choses du monde qu elle voit si lucidement et nous fait partager …
    Ce lien entre des gens qui au fond pensent un peu comme soi .. c est magique …et rassurant sur l humanite .
    Sachez donc que meme si je n ecris pas…. je me delecte a vous lire tous .. puis je vous demander de continuer ?

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  7. Bravo, pour ce billet-témoignage-hommage très joliment tourné !
    « Pas de salaire. Pas de prix à gagner. Pas de notes. Pas de maîtres à servir. Pas de clients à satisfaire. Pas de contrats. Pas de promesses. Pas de gloire. Rien. Absolument rien de tout cela. » Chantal, n’es-tu pas en train de nous donner une définition de la liberté absolue ?

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  8. Autre continent, autres moeurs!
    Je me promène en Afrique sans clavier inutile (pas de cyber dans mon raon d’action) le téléphone a un réseau faiblard.
    Et je porte dans mon sac à dois mes deux fidèles compagnons : le carnet moleskine et le cahier de brouillon 96 pages stylo et crayon….. Ce ne sera pas vraiment un blog, plutôt des carnets de voyages que je recopierai au propre puis que je saisirai à mon retour, réécrirai avec un plaisir renouvelé d’être un peu encore là-bas.
    Ecriture lente et laborieuse, goûteuse comme la slow food…
    dommage que je ne sois pas plus douée!!!!

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  9. Je rejoins Nathalie qui trouve dans le blog de Chantal une « définition de la liberté absolue ». Quant à moi, je cherche à privilégier la notion de plaisir : plaisir d’écrire, plaisir de lire les autres, de les choisir, plaisir d’être lue et de partager des idées.
    C’est peu? C’est déjà beaucoup!

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