C’est donc vrai! Les hommes et les femmes sont mortels! Tous? Sans exception?
Al lire sur le blog « Ailleurs et ici » , ce haïku, illustrant l’atmosphère du jour:
Lumière grise
Si lourds sont les nuages
Journée tristesse
La disparition de Germaine Tillon quelques jours après celle d’Aimé Césaire nous rappelle l’inexorable de la condition humaine, trop souvent écarté, comme le serait une mouche importune du champ de notre conscience. Et nous rend décidément orphelins.
Inédit jusqu’au printemps 2005 aux éditions de La Martinière, son manuscrit le « Verfügbar » (mot désignant les prisonnières corvéables à merci, « à la disposition » des SS) est « une grinçante parodie d’opérette en trois actes qui cite notamment l’ »Orphée aux enfers » d’Offenbach. »Orphée aux Enfers » est la première opérette d’Offenbach où le livret repose sur une très forte satire de la mythologie antique. Ce parti-pris extrêmement ironique a suscité (entre autres) des réactions de condamnation parmi certains critiques de l’époque, qui y voyaient une sorte de profanation d’un héritage essentiel. »
Ecrit sur un petit carnet qu’il fallait bien sûr méticuleusement cacher, le texte est chanté sur des airs tirés d’opérettes populaires. L’édition de La Martinière présente une reproduction émouvante de ce carnet. Tel quel. Ecriture manuscrite, ratures, dessins de l’auteur qui ne voyait asolument pas l’utilité de l’éditer, jusqu’à ce qu’elle permît à ceux qui pensaient le contraire, de le faire.
Résister au quotidien, coûte que coûte, en proposant aux autres, le partage de soi-même: Proposer le rire, la réminiscence musicale, la culture (Germaine Tillon émaille son écriture du jour de nombreuses références mythologiques par exemple), dépasser l’horreur dans la dérision de l’horreur…
Les douleurs et les haines cesseront, ceux qui ne les oublient pas mourront aussi, et tout passe. Sauf quelques œuvres — terre commune et partagée, patrimoine sans frontières. » Germaine Tillon.
Extrait de l’article de Obs.com:
« C’est un destin qui se confond presque avec l’histoire de France au XXe siècle. Ce destin a ceci de tout à fait particulier qu’elle s’est autant consacrée à la connaissance -c’est une grande scientifique- qu’au combat pour la justice », a déclaré à l’Associated Press Tzvetan Todorov, président de l’Association Germaine Tillion. « Mme Tillion espérait qu’un jour on changerait la devise républicaine en mettant le mot ‘fraternité’ en tout premier. Elle voulait que ‘liberté et égalité’ viennent après ‘fraternité’. C’est la vertu qu’elle aurait voulu léguer à ses contemporains ».
Décidément, j’ai toute une culture à refaire;-)
Je crois que vous allez devenir mon médecin en prescriptions littéraires. Je viens d’entamer ‘le mal propre’ de Michel Serres et j’apprécie sa plume et le sujet. Et je pense que ce carnet de Germaine Tillion va sûrement me toucher, rien que l’idée de traiter un tel sujet avec humour, je trouve que c’est faire acte de courage en quelque sorte et faire prévaloir la fraternité : quelle marque d’humanité.
Merci pour vos précieux conseils en lecture.
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Chantal merci pour votre bel hommage.
« Ombres des arbres dans l’eau
Si nette si claire si propre
Est-il possible qu’un tel miroir si sale et lourd de vase et lourd de nuages et lourd de mort
Vous reflète si correctement
Martin pêcheur
Je distingue tes couleurs
Je distingue celle des fleurs
Et celle des péniches qui passent
Et tout ça n’est que reflets
Dans une eau sale et vaseuse et malsaine.
« Inédits 4/5/36 » Robert Desnos
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Un jour, il ou elle va mourir. Lire ou comprendre avant, ou après.
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Désolée pour la chronique nécrologique. Mais les mots sont là aussi pour accompagner le passage d’une rive à l’autre et pourquoi pas inciter à relire ceux d’hier qui nous ont éclairés et de devraient pas disparaître avec leurs auteurs.
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G. Tillon, A. Cesaire… Qui sont leurs équivalents contemporains ?
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