Afin que nos livres ne meurent ou l’histoire vraie d’Aréopage, petite maison d’édition franc-comtoise

Aujourd’hui, je vous raconte une histoire vraie.

Nous aimons les livres. Nous en parlons. Nous les achetons. Nous les lisons. Et même, il nous arrive d’en écrire.

Jusque là, tout est clair. Pour acheter un livre nous nous rendons chez notre libraire préféré (d’ailleurs il faudra que nous les évoquions bientôt nos amis les libraires). Pour parler du livre, nous avons nos interlocuteurs et chroniqueurs choisis, quant à le lire, à chacun son rituel inventé ou imposé: Le soir avant de s’endormir, dans le métro, en tournant la béchamel (ça ne doit pas être facile), pelotonné dans le fauteuil près de la cheminée, pendant une pause dans le journée, au café, dans une maison de thé en plein hiver chinois, dans la salle d’attente du dentiste, sous le séchoir du coiffeur…Et pour l’écrire ce livre…c’est précisément ce qui nous préoccupe et constitue le sujet de nos échanges.

Je dis bien, tout est clair, même si rien n’est simple.

Ce qui est moins clair, en revanche, dans l’esprit du public, c’est la partie qui revient à l’éditeur, encore qu’on sache en gros qu’il fabrique un livre à partir du manuscrit de l’auteur. Mais, encore moins approchée est la connaissance du rôle clé de celui qui apporte l’ouvrage jusqu’à la librairie, le fait connaître, le place, voire parfois, l’impose, c’est-à-dire l’importance du diffuseur. Les grandes maisons d’édition ont souvent leurs propres diffuseurs. Mais les petits éditeurs sont eux, totalement soumis à la démarche de cet intermédiaire indispensable qui accepte ou non de présenter, bien ou moins bien, ses ouvrages.

Prenons l’exemple d’une petite maison d’édition franc-comtoise. Pour ne pas la nommer, il s’agit d’Aréopage , née en 1989. Je vous avais bien dit qu’il s’agissait d’une histoire vraie!

On se souvient ( grâce à Wikipedia, pour qui l’aurait oublié), qu’aréopage vient du grec  » Ἄρειος πάγος / Áreios págos et se trouvait être à Athènes, la « colline d’Arès», située à l’ouest de l’Acropole ; c’était aussi le nom du conseil qui s’y réunissait. A l’origine, le conseil de l’Aréopage devait conseiller le roi. Il siégeait la nuit et on n’y permettait aucun artifice oratoire pour émouvoir ou attendrir les juges. Aussi l’Aréopage jouit-il longtemps d’une grande réputation d’impartialité. »

Mais revenons à notre maison d’édition franc-comtoise, placée sous la haute vertu du nom prestigieux qu’elle a emprunté à la démocratie athénienne. Aréopage débute donc avec des ouvrages centrés sur la région: La vallée du Hérisson de Jean-Luc Mordefroid est son premier titre et obtient le prix du livre comtois en 1990. La diffusion régionale s’effectue alors grâce au réseau de proximité et s’amplifie grâce à la reconnaissance d’une excellence dans le choix et la qualité éditoriale. A partir de 2000, la maison prend son essor, se développe et s’ouvre aux auteurs d’histoire et d’essai, de romans, d’ouvrages pour la jeunesse, et aussi de Beaux livres.

Mais c’est hélas une histoire qui aurait dû se terminer très mal. Des impayés irrécupérables venant principalement de diffuseurs nationaux ont souvent provoqué la faillite de petits éditeurs régionaux et Aréopage a bien failli subir récemment le même sort.

C’est là où la vigilance du public peut jouer un rôle non négligeable. Un groupe d’auteurs et d’amis (comme vous et moi qui discourons sur ce blog) s’est mobilisé et a considéré qu’il serait dommage qu’un éditeur réellement indépendant disparaisse.

Quel autre moyen que l’indépendance, en effet, pour permettre l’existence de livres vivants? Quel autre moyen pour respecter la production d’ouvrages, ceux éloignés des rituels du show-biz et des paillettes, ceux attachés à cette « humilité » de l’écriture face à l’uniformisation de la culture, de la pensée unique et du politiquement correct? (cf le premier article de ce blog « Le mythe de l’écrivain » et « De l’humilité en écriture », cf également l’article paru dans « La Voix du Jura » et la plaquette informative de l' »Association des Auteurs et des Amis d’Aréopage »).

Il semble pour l’instant, grâce à l’Association venant de se créer autour d’Aréopage , que la petite maison d’édition au nom si évocateur soit sauvée. Bien sûr elle a besoin de fonds pour racheter les livres afin qu’ils ne soient ni dispersés chez les soldeurs ni détruits (la participation de chacun reste ouverte!). Je vous renvoie à son site pour la découverte ou la redécouverte de ses titres.

L’un des derniers ouvrages parus était consacré à la  Philosophie de Rousseau, par Nanine Charbonnel, dans un magnifique coffret de 3 volumes. Je cite celui-ci, mais j’aurais pu parler du livre sur Les lapidaires ou du très bel ouvrage sur Jean Vuillemery et les vitraux dans le Jura et bien sûr, de tous les autres.

Je sais que personne, parmi les amis des livres que vous êtes, ne trouvera trop long cette note pour saluer le sauvetage d’une maison dont le public et les auteurs ont tant besoin. Chacun à son niveau a un rôle à jouer afin que les livres que nous aimons ne meurent pas sous nos yeux.

3 commentaires sur “Afin que nos livres ne meurent ou l’histoire vraie d’Aréopage, petite maison d’édition franc-comtoise

  1. Comme c’est dommage que la période des cadeaux soit terminée. Autrement je vous aurais recommandé le magnifique livre de Jean VUILLEMEY, peintre et verrier, où vous pouvez admirer son travail effectué pour certaines églises jurassiennes , fort généreusement d’ailleurs.Mes préférées: peut-être: l’église de BONLIEU (entre Lons le Saunier et Morez)Quant au livre de Jean-Luc MORDEFROID, il vous permet de faire une très jolie promenade aux bords du HERISSON et d’en admirer les magnifiques cascade. ( HERISSON vient du celte et du grec, je crois et signifie: »RIVIERE SACREE »
    Mais il n’y a pas que Noël pour faire des cadeaux, n’est-ce pas?
    Claude

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  2. Bonjour, c’est une bonne idée que d’entourer cette maison d’édition d’une association. je veux bien y participer. Je peux aussi proposer à la maison d’édition mes dessins sur ordinateur pour lesquels je me demandais ce que je pouvais en faire : une impressionde tissus, de tasses, ou écrire, ou illustrer de courtes histoires, selon les sujets, enfants, politique, femmes, seniors, noël, pâques, halloween etc.
    mon site : http://www.marie-jeanne-collinet.com
    mon email : marie-jeanne.collinet@wanadoo.fr
    et mon blog : http://collinette.blog.lemonde.fr/collinette
    contactez-moi, nous pourrions en parler. Merci. MJC

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