1-le haïku
Le Haïku est un poème bref et codé d’origine japonaise.
À titre d’exemple, voici l’un des plus célèbres haïkus japonais, écrit par un grand maître, Matsuo Bashô ( 1644-1694):
Dans le vieil étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l’eau
L’original japonais est :
- Fu-ru-i-ké-ya
- ka-wa-zu-to-bi-ko-mu
- mi-zu-no-o-to
- (5-7-5, soit 17 mores)…ramené à 17 syllabes en Occident.
Notons que ce haïku est celui que l’on présente le plus lorsqu’il s’agit d’expliquer ce qu’est un haïku. Il en existe de multiples traductions. C’est surtout le troisième vers qui pose problème. Les onomatopées étant difficilement traduisibles
Le haïku ne se contente pas de décrire les choses, il nécessite le détachement de l’auteur. Il est comme une sorte d’instantané. (extrait d’un article de Wikipedia).
Très souvent une référence à la saison est requise.
2- Le hain teny
Le hain teny, à Madagascar est lui aussi une forme de poésie traditionnelle brève.
un exemple:
Que gronde l’orage au Mont des- Immortels
Au Pays-des-Enfants fleurit l’orchidée
Eclatent les pleurs de Jeune-Tourterelle
Eclatent les rires de Ne-craint-le-retour
Ne soit pour le deuil aucun juste retour
Mais soit pour l’amour la justice accordée.
(Trad. : Bakoly Domenichini-Ramiaramanana)
Genre littéraire en usage à Madagascar, en particulier chez les Merina. Les hain-teny ou hainteny (propos élaborés?) se présentent habituellement sous forme de poème court où on part de généralités anodines pour ensuite en arriver subitement au sujet proprement dit selon un mécanisme d’association subtile appréciée des connaisseurs. Le sujet en question est presque toujours en rapport avec la quête amoureuse. On a rapproché les hain-teny des pantun malais, ce qui permet d’en déduire qu’il s’agit d’un vieux procédé littéraire malayo-polynésien, amené à Madagascar par les premiers émigrants originaires d’Indonésie. (extrait wikipedia).
« Si on le définit, avec Jean Paulhan, comme un « poème obscur », son obscurité tient de ce qu’il est fondé sur un usage systématique de la polysémie, qu’il condense dans une forme brève, volontiers sentencieuse, des connotations culturelles jouant sur plusieurs niveaux. Ainsi, dans le hain teny cité, le coup de tonnerre dans l’Ankaratra évoque-t-il un paysage à la fois géographique et mythologique (les montagnes bleutées, au sud de Tananarive, souvent entourées d’un léger voile de brume et tenues pour le séjour des esprits, des dieux et des princes de légende). S’y ajoute une référence à un rite de la vie traditionnelle (le famoizana ou renoncement, quand, à la veille de l’an nouveau, l’on pleurait une dernière fois les morts de l’année dont on croyait entendre un dernier appel dans le coup de tonnerre solitaire de l’Ankaratra ; et c’était aussi le moment où les époux séparés pouvaient se retrouver pour un ultime retour d’amour). On peut encore deviner une allusion politico – historique (l’Ankaratra figure métonymiquement le groupe des Merina et des Vakinankaratra, tandis que l’Anjafy représente les Sihanaka, population dissidente d’origine merina : le poème emblématise un moment de l’histoire malgache) [6]. Par ailleurs, le hain teny fonctionnant, comme l’a montré Jean Paulhan, comme une « poésie de querelle » (c’est-à-dire qu’il peut servir à régler des litiges, donnant la victoire au meilleur improvisateur), il prend sens dans et par la situation d’énonciation. »
[ Article publié sur http://www.refer.sn/ethiopiques ]
1. Antilles et Océan Indien
POESIE ET TRADUCTION A MADAGASCAR
Par Jean-Louis JOUBERT
3- Les poèmes de Claude Braillard
Les poèmes de Claude Braillard (qui sera évidemment gênée que je parle d’elle et je lui demande de me pardonner), ont une parenté avec ces deux genres: brièveté de la forme, écho de l’évanescence de l’instant, ciselage naturel du verbe.
Pour Sylvie
Si tu vas en Chine , ma fille,
Il faut que tu pièges pour moi
Les reflets irisés de la lune,
Volés dans l’éclat d’un miroir .
Ils me donneront l’immortalité
Et des sages, les secrets oubliés.
Porcelaines
Les coquillages ont fui les noirs ressacs
Et bruissent au creux de mon oreille.
Comme ils ne veulent pas mourir,
Ils me racontent leur vie
Pendant que je sommeille.
Et je crois entendre la mer,
Le cri des mouettes
Le sable crissant sous mes pieds nus.
Pourtant leurs coquilles sont vides
Et mon Père ne m’écrit plus.
14 Juin 2006
Très belle note . Je ne connaissais pas le hainy-teny. Les formes brèves ont été très prisées ça-et-là.
Pour en revenir au haïku, son « ancêtre » ou « tanka » est une forme brève de cinq vers. On date le premier recueil de tankas vers 760.
Les trois premiers vers ou « hokku » évoquent obligatoirement la nature et doivent faire mention de la saison. Ils ont composés respectivement de 5, 7 et 5 syllabes. Les deux vers suivants, de 7 syllabes chaque, décrivent émotions et sentiments. Par omission de ces deux derniers vers, le tanka est devenu le Haïku, forme encore plus brève et, de ce fait, plus populaire.
Ces formes courtes sont l’équivalent d’une photographie moderne, saisissant un instant particulier à partir d’un point de vue, lui-même singulier.
Les poèmes de Claude Braillard sont d’une grande délicatesse et évoquent tous un moment où s’exprime un sentiment particulier et fugitif de la poétesse.
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Merci pour ce complément d’ information sur le haïku et pour la lecture des poèmes.
Ce qui est intéressant dans ce genre particulier, c’est le rapport au code et à la contrainte qui offre paradoxalement une grande liberté d’écriture et d’interprétation.
J’avais déjà évoqué ce paradoxe dans une note précédente. On se souvient également que la quête de liberté des surréalistes par exemple passait parfois par un jeu d’écriture adoptant les règles les plus arbitraires, comme refuser d’employer telle ou telle lettre de l’alphabet, etc…
Claude Braillard, qui, dans un précédent commentaire repris dans l’article « Des mots qu’on aime ou qu’on n’aime pas », disait ne pas aimer les termes « poétesse » ou « écrivaine », affirme aboutir à la forme de ses poèmes, « comme cela », à un moment où il semble qu’ils soient prêts à être écrits de la sorte.
Il est impossible de révéler l’alchimie qui fait croiser et mettre en mots tout un système de références à d’autres moments vécus. Comme je l’exprimais déjà, l’écoute et la captation d’une musique personnelle, rythme, sons, mélodie du mot et du thème, permettent la mise en place d’une contrainte intérieure consentie dont la rigueur est plus prégnante qu’il n’y paraît.
D’où le rattachement à ce genre pourtant si éloigné dans l’espace, qu’est le haïku.
Affinités secrètes, correspondances, mystères de la poésie à travers le temps et les continents.
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Bonjour Chantal,
Merci de nous faire découvrir ces formes poétiques et ces poèmes que je ne connaissais pas. Celui que je préfére est sans conteste le hain
teny.. Bien à vous CJM*-
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La poésie de Madagascar qui devient « poésie de querelle » pour duel oral, ça doit être très spectaculaire ! Quel dommage que nos joutes oratoires télévisées ne soient pas poétiques…
Et une fois de plus, en lisant ce blog on en sait toujours plus qu’avant !
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Oui ! C’est une très bonne idée ces joutes politiques, po, po po, poétiques !
J’aime le poème de Claude Braillard » Sylvie «
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Très intéressant. C’est vrai qu’en occident, le haïku a perdu sa notion de saison. Réhabilitons le.
Déjà le printemps
Un gros bourgeon éclate
Plop ! une jolie fleur
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Oh la la! Magnifique!
Tandis que je bataille à attendre une connexion laborieuse au fond de mon village jurassien (qui ne connaissait pas l’ADSL, lorsque nous en sommes partis en août dernier), l’éclosion poétique bat son plein avec les commentaires.
Hop!Fleurit le haïku.
Vivement la semaine prochaine que je sois plus interactive, grâce à un nouveau branchement.
En attendant, merci à tous;
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Bonnes Vacances Chantal CJM*
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Bonne vacances Chantal.
Je pars, à mon tour, demain à ma campagne…
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Merci, merci. Et bon séjour Jeandler.
Mais non, pour moi, ce ne sont pas vraiment les vacances. Juste un retour dans ma campagne après 6 mois de séjour à Turin et je cours après une connexion efficace. Ce qui ne saurait tarder, je pense.
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merci Chantal pour vos notes….
et pour l’intérêt que vous portez à mes »Bouffonneries »
et bonnes vacances…
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D’abord, non, je ne suis pas en vacances et depuis hier enfin connectée depuis mon village !!!
et vos « bouffonneries » sont plus que cela, effractions de mondes clos, au milieu des doctes propos qui ponctuent notre univers quotidien
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